André Manoukian est le parrain du Phonéthon 2010, qui soutient l’Arménie. Rencontre

Pourquoi cet engagement auprès du Fonds arménien de France ?

Pas par communautarisme, j’ai cela en horreur. Mais quand on bosse à la télé et qu’on a un nom qui finit en « ian », on est un peu comme l’enfant-étendard qui assouvit les fantasmes de ses parents. On ne peut pas dire non.

Quel est votre rapport actuel avec l’Arménie ?

Je suis allé en Arménie pour la première fois l’année dernière. Il s’agit donc plutôt d’un territoire symbolique. Pour autant mes origines ne m’ont jamais posé problème. La langue arménienne est pour moi celle de l’affect, de l’intime, mais j’ai cessé de la parler à la mort de ma grand-mère, j’avais 5 ans. Mes parents sont nés en France, et on ne parlait pas du "génocide". Je me méfie beaucoup du devoir de mémoire, en son nom on risque d’entretenir la haine pendant des générations. Moi, j’étais pour l’entrée de la Turquie en Europe.

Vous qui êtes musicien, y a-t-il une sonorité musicale propre à l’Arménie ?

Je dirais que la musique arménienne est la spécialiste du mélange des modes mineur et majeur. Elle a le spleen, la mélancolie, le blues. Je me réjouis que le jazz soit en train de se régénérer par l’Orient, l’effondrement du bloc soviétique nous a fait découvrir des musicens formidables...

Je rêve de voir jouer ensemble des Turcs et des Arméniens. D’ailleurs, je travaille à la création d’un festival de la Méditerranée, qui pourrait avoir lieu dès 2011 à Nice, puis à Marseille, Barcelone...

On ne peut pas ne pas vous parler de feu La Nouvelle Star...
J’en étais le membre le plus historique, donc je sais que la formule s’essoufflait et qu’elle a duré exceptionnellement longtemps en France : 8 ans ! X Factor est la deuxième génération de programme et en repoussant l’âge des candidats, je pense qu’ils vont chercher la nouvelle Susan Boyle.

Du coup, ça vous a laissé un peu de temps libre ?

Pas tellement ! Je rentre de Cuba, je repars à New York et le reste du temps, je suis entre Paris et Chamonix, où je vis depuis deux ans avec femme et enfants. J’y ai lancé cet été la première édition du Cosmojazz festival, en attendant de créer un club de musique où je pourrai jouer quand je serai vieux !

Pour Montagne TV, une chaîne du satellite, je prépare une série d’émissions qui font le parallèle entre les disciplines de la montagne et la musique : même beauté du geste, même vertige du vide... Je ferai dialoguer des alpinistes et des musiciens, ils parleront de la prise de risque, de l’adrénaline, du dépassement de soi.

Qu’allez-vous faire à New York ?

Enregistrer une émission sur John Lennon, mon Beatle préféré, qui sera diffusée le 7 décembre sur la chaîne Toute l’Histoire. Je vais voir son meilleur ami et l’un de ses musiciens au Dakota, l’immeuble devant lequel il est mort.

Propos recueillis par Françoise Monnet
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