Ingrid FRANÇOIS, Les Echos - envoyée spéciale à Genève

Officiellement, Alphan Manas n’en est qu’au stade des négociations pour investir dans Heuliez. Mais l’entrepreneur turc semble suffisamment sûr de son coup pour poser fièrement devant la dernière nouveauté du carrossier de Cerizay, sous les flashs d’une quinzaine de journalistes venus de Turquie.

Avec ses planchers en plastique jaune fluo, son volant de couleur grise, ses 2,8 mètres de longueur et ses 550 kilogrammes, la « Mia by Heuliez » pourrait être prise pour un grand jouet Fisher-Price, si elle n’était exposée au Salon de Genève. La voiture sera commercialisée dans sa version trois places 17.900 euros, desquels il faut déduire la prime d’Etat de 5.000 euros. « Je l’adore, cette voiture, s’exclame Alphan Manas. Elle est très compacte, facile d’accès avec ses portes coulissantes et dotée d’une bonne robotique. » Signe de son enthousiasme, le revers de sa veste arbore un pin’s avec deux drapeaux français et turc entrecroisés. « Ce n’est pas un concept car, mais quand vous êtes dedans, vous avez l’impression que c’est le cas », précise David Wilkie, responsable du style d’Heuliez.

Subventions contre emplois

Alphan Manas est l’homme providentiel pour Heuliez. Depuis la semaine dernière, le dirigeant du fonds d’investissement Brightwell est en négociation exclusive pour investir 20 millions d’euros dans la société délaissée par Bernard Krief Consulting (« Les Echos » d’hier). C’est par l’intermédiaire de Murat Günak, ancien designer de Volkswagen et aujourd’hui directeur de l’image de marque chez Heuliez, que l’investisseur est entré en contact avec les dirigeants de la société. Son idée : « Pouvoir assembler d’autres modèles de voitures électriques en Turquie. » Car l’homme d’affaires est convaincu que, dans ce domaine, « la demande sera plus élevée que l’offre », quoi qu’en disent la plupart des constructeurs automobiles, encore relativement prudents sur le développement de l’électrique.

Mais l’accord final devra probablement inclure une garantie en termes d’emplois, compte tenu de l’implication du gouvernement et de la région Poitou-Charentes. « Les pouvoirs publics fourniront des subventions à condition que nous gardions 95 % des effectifs », affirme Alphan Manas. Sauf qu’ « aucun pays ne peut garantir sur le long terme la pérennité de ses sites industriels. Même pour la Turquie, la question des coûts de fabrication se posera un jour ».

Source Les Echos