[20minutes] - EXCLUSIF – Des traces de résidus de tirs ont été retrouvées sur les habits du principal suspect placé en garde à vue…

Les policiers affirment tenir un « suspect intéressant » dans l’enquête sur l’assassinat de trois militantes kurdes, le 9 janvier dans le Xe arrondissement de Paris. Parmi les deux hommes placés en garde à vue jeudi dans les locaux du 36, Quai des Orfèvres, le plus jeune, né en 1982 en Turquie et résidant à Garges-Lès-Gonesse (Val-d’Oise), retient particulièrement l’attention des enquêteurs. Ce proche des trois victimes avait déjà été entendu, comme de nombreux témoins dans cette affaire, au cours des jours qui ont suivi le triple assassinat.

Seulement, après avoir recoupé plusieurs éléments, notamment son agenda, les policiers se sont rendu compte que tout « ne collait pas » dans ses déclarations. « Il y a un trou de 46 minutes dans son emploi du temps. Il est très précis sur plusieurs éléments mais omet de dire certaines autres choses », indique à 20 Minutes une source proche du dossier. Selon nos informations, plusieurs témoins ont contredit la version qu’il a donnée de son emploi du temps. Une « période » qui « peut correspondre à l’heure de l’assassinat », poursuit cette source.

Enregistrement vidéo

Pendant la garde à vue, les policiers ont examiné ses affaires. Des « traces de résidus de tirs » ont été retrouvées sur sa parka noire. Par ailleurs, dans un enregistrement de vidéosurveillance, « on le voit rentrer et ressortir du site avec des sacs ». Notre source n’a pas pu préciser s’il s’agissait d’une caméra placée dans le Centre d’information kurde, où les corps des trois femmes ont été retrouvés, ou d’une des caméras du plan de vidéoprotection pour Paris (PVPP) de la préfecture de police. La police scientifique a pu isoler un ADN partiel sur la scène de crime. Mais les résultats ne seront pas connus avant la fin des gardes à vue.

Ce proche des militants du parti des travailleurs kurdes (PKK), une organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne, a été arrêté en décembre 2012 aux Pays-Bas pour avoir participé à une réunion du PKK. Fin mars 2012, le trentenaire faisait partie du groupe de militants kurdes qui avait envahi le deuxième étage de la tour Eiffel et brandi une pancarte « Liberté pour Öcalan [le leader du PKK emprisonné en Turquie], liberté au Kurdistan ». Ses activités de militant pourraient abonder dans le sens de la thèse du règlement de comptes au sein même du PKK dans le but de saborder les négociations de paix entre la Turquie et Öcalan, une version avancée par Ankara.

« Un problème avec les femmes »

Toutefois, les enquêteurs se montrent prudents. D’autant qu’ils ont décelé un profil psychologique troublant. « Il a un problème avec les femmes. Il n’accepte pas d’être éconduit », confie ce proche du dossier. Règlement de comptes au sein du PKK, affaire de mœurs ? L’un n’exclut pas l’autre.

Face à ces suspicions, l’homme nie toute implication. Tout comme le deuxième individu, présenté comme « son chauffeur ». Les deux hommes devraient être déférés au parquet « cette nuit ou lundi, au petit matin ». Il reviendra au juge de les mettre en examen ou de les relâcher.