"Munich gardera toujours une place à part dans mon cœur. C’est mon centre de gravité." Venant d’un international turc, ces paroles ont de quoi surprendre. Mais Mehmet Ekici n’est pas un joueur comme les autres.

Tout juste âgé de 21 ans, le milieu de terrain s’est imposé comme l’une des révélations de la saison en Bundesliga. Ses performances ont rapidement éveillé l’intérêt des dirigeants du Werder Brême, qui voient en lui le successeur de Mesut Özil. L’ancienne star de Nuremberg aura donc, à compter de la saison prochaine, la lourde tâche de tenter de faire oublier la star du Real Madrid.

Le natif de Munich allie la créativité du football turc à la rigueur allemande. Ce mélange détonnant fait de lui l’héritier naturel de quelques-uns des plus grands talents de l’élite allemande, comme Özil, Hamit Altintop ou encore Nuri Sahin. "Je pense qu’Ekici peut suivre le même chemin que Mesut Özil", confiait récemment Klaus Allofs, le directeur sportif du Werder.

Élevé dans le quartier de Neuperlach, Ekici n’a pas mis longtemps à trouver sa vocation. À force de passer des heures à défier ses camarades sur les dalles de béton jouxtant l’immeuble de ses parents, le jeune garçon a fini par attirer l’attention des recruteurs du Bayern Munich qui l’a tout naturellement invité à rejoindre son centre de formation.

L’intégration par le football

Comme le reconnaît lui-même ce fan de Zinedine Zidane, le sport a largement facilité son intégration au sein d’un quartier réputé difficile. "Le football m’a permis de trouver ma place. Je n’ai jamais connu le moindre problème, car tout le monde respectait ceux qui avaient du talent", raconte le milieu de terrain international.

Au Bayern, Ekici fait son chemin tranquillement. Il franchit tous les obstacles, jusqu’à intégrer le groupe professionnel en 2008. Lucide, il estime ne devoir sa réussite qu’à lui-même : "Un jeune joueur doit avant tout avoir l’envie de réussir. Il faut aussi du talent et un peu de réussite. Je suis quelqu’un qui travaille dur. Quand je me fixe un objectif, je fais tout pour l’atteindre. Il faut croire en soi, avoir confiance en ses qualités, sans jamais tomber dans l’arrogance".

En début de saison, le Turc est envoyé à Nuremberg, afin de s’aguerrir aux joutes de la Bundesliga. La décision s’avère vite payante : en 32 matches, le prodige inscrit trois buts et délivre neuf passes décisives. Un bilan flatteur qui a achevé de convaincre les dirigeants du Werder Brême de s’attacher ses services.

Bien entendu, les responsables de la Fédération turque de football (TFF) ne sont pas restés insensible à son talent. Le sélectionneur national Guus Hiddink n’a d’ailleurs jamais caché son admiration pour le Munichois, quitte à engager un bras de fer avec la Fédération allemande. "C’était une situation difficile. J’étais face à un vrai dilemme," raconte Ekici.

Le choix du cœur

Avant d’opter pour la Turquie, celui-ci a longtemps fréquenté les sélections de jeunes de son pays d’adoption. International U-17 et U-21 allemand, il était du groupe qui avait conquis la troisième place de la Coupe du Monde U-17 de la FIFA, République de Corée 2007. "Finalement, j’ai écouté mon cœur", explique le néo-international "fier" de son choix et qui assure n’avoir "aucun regret".

En s’appuyant sur les atouts que lui confère sa double origine, il a séduit par Hiddink qui lui a même offert une place de titulaire contre l’Autriche (2:0), en mars dernier. "Nous nous sommes approprié la mentalité allemande. Associé à nos qualités propres, à ce plaisir de jouer typiquement turc, cet état d’esprit fait toute la différence", répond Ekici, lorsqu’on l’interroge sur la réussite des Turcs nés en Allemagne.

Du haut de ses trois sélections en équipe de Turquie, Ekici croit en tout cas avoir remarqué un changement dans l’état d’esprit au sein d’une sélection qui pointe actuellement au 30ème rang du Classement mondial FIFA/Coca-Cola : "Avant, la mentalité n’était pas la même. Les joueurs avaient tendance à s’emballer. Ils ne fournissaient pas toujours les efforts nécessaires. Aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus rigoureux. "

Après la troisième place de la Coupe du Monde de la FIFA 2002 et la demi-finale de l’UEFA EURO 2008, les Millîler rêvent de renouer avec le succès. "Désormais, nous avons beaucoup de jeunes prêts à tout pour réussir", insiste Ekici, avant de souligner l’importance d’un grand sélectionneur. "Il est important de pouvoir compter sur un entraîneur de la trempe de Hiddink, quand on veut gagner. Il nous connaît parfaitement. Il sait quand il doit se montrer plus ferme et quand il faut nous laisser la bride sur le cou."

La qualification en ligne de mire

"Globalement, je pense que ce groupe possède un potentiel énorme. Tout ce qui nous reste à faire, c’est de trouver notre style de jeu, car nous sommes encore une jeune équipe. Nous avons le talent, il nous faut encore apprendre à fonctionner collectivement", analyse Ekici.

La prochaine étape sur la route de la qualification pour l’UEFA EURO 2012 aura lieu vendredi, en Belgique. À mi-parcours, ce choc entre le deuxième et le troisième du Groupe A pourrait avoir de lourdes conséquences sur la suite des événements. mais Ekici reste optimiste : "Nous allons gagner. Je sais de quoi nous sommes capables et je pense que nous avons les moyens de réussir quelque chose d’intéressant"

"Je pense que nous nous qualifierons, mais il faudra en passer par les barrages", prévoit-il pour conclure, conscient que la première place de la poule semble réservée à l’Allemagne.

Source : FIFA