La Commission européenne devrait réitérer cette année ses critiques quant à la situation des droits fondamentaux en Turquie et suggérer la mise en place d’une nouvelle constitution civile, selon un projet de rapport vu jeudi par l’AFP.

Selon ce projet de rapport d’étape faisant le point sur les négociations d’adhésion à l’UE, également révélé jeudi par le quotidien allemand Die Welt dans son édition en ligne, la réforme constitutionnelle adoptée en Turquie par référendum en septembre a encore besoin d’une "mise en oeuvre adéquate" dans la pratique.

"Une nouvelle constitution civile fournirait une base solide pour un renforcement de la démocratie en Turquie", juge le texte, qui doit être finalisé d’ici mardi prochain en même temps que d’autres rapports sur la Croatie, la Macédoine et l’Islande notamment.

Par ailleurs, "la liberté d’expression et des médias doit encore être renforcée en Turquie aussi bien dans la loi que dans la pratique", déplore Bruxelles, comme déjà dans ses rapports annuels précédents.

De plus, "une série de manquements demeure dans l’exercice de la liberté de religion. Des progrès sont également requis concernant les droits de la femme et l’égalité entre les sexes et les droits des syndicats", relève ce projet de rapport.

Quant aux efforts du gouvernement turc en direction de la minorité kurde, ils n’ont "produit que des résultats restreints", déplore la Commission européenne dans ce texte.

Par ailleurs, en dépit d’un soutien public affiché par la Turquie aux négociations sur la question chypriote, "il n’y a eu aucun progrès en direction d’une normalisation des relations bilatérales avec la République de Chypre", membre depuis 2004 de l’UE, relève encore la Commission.

Il est "urgent" que la Turquie règle ce problème, qui bloque une partie des pourparlers d’adhésion.

Le texte souligne toutefois que "des progrès ont été réalisés dans le domaine de la lutte contre la corruption".

Enfin, il salue la politique étrangère turque, qui "est devenue plus active dans son voisinage élargi".

"C’est un atout pour l’Union européenne, à condition qu’elle soit développée de façon complémentaire au processus d’adhésion et en coordination avec l’UE", juge la Commission.

La Turquie a entamé les négociations en 2005 mais elles n’avancent que très lentement du fait des réticences grandissantes d’une série de pays comme la France, l’Allemagne ou l’Autriche et de l’impasse à Chypre.

L’UE, mais aussi Chypre et la France bloquent 18 des 35 chapitres thématiques des pourparlers d’adhésion, en raison principalement du problème chypriote. La présidence belge souhaite ouvrir un des trois derniers chapitres qui peuvent encore l’être.

Source AFP