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Après l’échange de prisonniers, « la Turquie a réussi un coup diplomatique »

Publié le | par Engin | Nombre de visite 166
Après l'échange de prisonniers, « la Turquie a réussi un coup diplomatique »

Après l’échange de prisonniers, « la Turquie a réussi un coup diplomatique »

Le chef de l’État a veillé depuis le début de la guerre entre Moscou et Kiev à maintenir ses liens avec les deux capitales ; il reste le seul à avoir reçu dès mars 2022, ensemble, leurs chefs de la diplomatie respectifs à Istanbul.

Avec ; Sudouest.fr

Le succès de cette opération sonne comme un retour triomphal pour le pays sur la scène diplomatique

La Turquie, dont le rôle a été salué dans l’échange de prisonniers entre la Russie et les Occidentaux, rappelle qu’on peut compter sur et avec elle, malgré ses fréquents différends avec ses alliés de l’Otan. L’opération, dont le secret a été bien gardé jusqu’à son dénouement jeudi 1er août sur l’aéroport d’Ankara, où ont eu lieu les échanges entre les sept pays concernés, sonne comme son retour triomphal sur la scène diplomatique.

Dans un communiqué, le chef de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a rapporté comment « les services de renseignement turcs ont établi des canaux de dialogue et de médiation (entre) certains des adversaires mondiaux », montrant ainsi que la Turquie « est capable de parler à différentes parties en tant que partenaire digne de confiance et fiable ».

Capital
Cette opération « démontre l’utilité de la diplomatie turque, dont la vocation est de se poser un facilitateur ou en médiateur dans ces conflits qui opposent ses voisins, ici en particulier entre la Russie et l’Occident »

Même si le Kremlin a pris soin, vendredi, de signifier que toute négociation sur l’Ukraine sera « complètement différente » de celles sur l’échange de prisonniers, « la Turquie a réussi un coup diplomatique », confirme Sinan Ülgen, chercheur associé au think-tank Carnegie Europe. Cette opération « démontre l’utilité de la diplomatie turque, dont la vocation est de se poser un facilitateur ou en médiateur dans ces conflits qui opposent ses voisins, ici en particulier entre la Russie et l’Occident », indique-t-il.

« L’initiative apporte un certain prestige diplomatique à la Turquie », parie-t-il, alors même qu’Ankara diverge souvent d’avec ses alliés traditionnels « sur la question du Moyen-Orient et Israël en particulier, en raison de son soutien fort au Hamas », relève le chercheur.

Garant
Conflit en Ukraine ou à Gaza, la Turquie a tenté depuis le début des hostilités de proposer sa médiation et de faire valoir son poids, comme riverain méridional de la Mer noire pour le premier et comme puissance musulmane et fervent soutien de la cause palestinienne, pour le second.

S’il s’est mis hors jeu au Moyen-Orient par ses propos virulents à l’encontre d’Israël – traitant son Premier ministre Benjamin Netanyahu de « génocidaire » et de « nazi » – le président Recep Tayyip Erdogan garde les clés en main pour le conflit entre Kiev et Moscou. Le chef de l’État a veillé depuis le début de la guerre entre Moscou et Kiev à maintenir ses liens avec les deux capitales ; il reste le seul à avoir reçu dès mars 2022, ensemble, leurs chefs de la diplomatie respectifs à Istanbul, Sergueï Lavrov et Dmitro Kuleba.

Il s’est fait à l’été 2022 le promoteur et le garant, pendant un an, sous l’égide de l’ONU, de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes à travers un corridor sécurisé en Mer noire.

Erdogan avait déjà joué le facilitateur d’un échange de prisonniers en septembre 2022 entre les deux belligérants, permettant la libération de 215 prisonniers ukrainiens et l’exfiltration des commandants du régiment Azov de Marioupol assiégée, accueillis en Turquie. Et le président turc entretient toujours les contacts, directs et téléphoniques, avec Vladimir Poutine tout en accueillant régulièrement Volodymir Zelensky à Istanbul.

Des liens avec le Kremlin malgré son adhésion à l’Otan
Pour Soner Cagaptay, du Washington Institute for Near East Policy, en rendant public comme elle l’a fait son rôle dans l’échange de prisonniers jeudi, « la Turquie signale en substance que certains de ses alliés de l’Otan, y compris les États-Unis, peuvent ne pas être d’accord avec (elle) dans certains domaines. Mais dans d’autres, elle est cruciale ».

La Turquie signale en substance que certains de ses alliés de l’Otan, y compris les États-Unis, peuvent ne pas être d’accord avec (elle) dans certains domaines. Mais dans d’autres, elle est cruciale »
« Ankara a facilité cet échange grâce aux liens étroits qu’Erdogan entretient avec le Kremlin malgré son adhésion à l’Otan et son soutien discret à l’Ukraine », a ainsi salué sur X, Lucian Kim, analyste chargé de l’Ukraine pour le@CrisisGroup pour qui « la Turquie est le héros méconnu » de cet échange de prisonniers.

En saluant le rôle du MIT, les services de renseignements turcs jeudi soir, leur ancien patron et désormais ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan a promis que « la Turquie continuera d’être le centre d’une diplomatie pacifique, conformément à la vision de notre président ».

M. Fidan se rend d’ailleurs dès samedi à Addis Abeba où il sera reçu par le Premier ministre Abiy Ahmed. Là justement où la Turquie tente une médiation de paix entre l’Éthiopie et la Somalie, rappelle Sinan Ülgen.


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