Association Franco-Turque de Villefranch s/S
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L’Assemblée nationale a entériné le jeudi 29 mai dernier par 48 voix contre 21 une disposition au projet de réforme des institutions rendant obligatoire le référendum pour l’entrée dans l’UE de pays représentant plus de 5% de sa population, ce qui concerne tout particulièrement la Turquie.
Le Patriote : En quoi cet amendement vous trouble profondément ?
"C’est du jamais vu dans l’histoire de France puisqu’un pays est directement montré du doigt dans sa constitution. Pourtant l’amendement divise et de vives protestations se sont fait entendre. Alors que l’Opposition parlait d’une "disposition indigne et honteuse", dans les rangs de l’UMP, un député déclarait "la stigmatisation de la Turquie n’est pas acceptable". Or, 48 députés (contre 21) ont légiféré en pensant l’inverse. Pourquoi un tel ostracisme anti-turc ? Pourquoi jeter ainsi l’opprobre sur un pays ami ?"
Comment réagit la nombreuse population franco-turque de Calade ?
"Depuis ce vote, elle est plongée dnas l’incompréhension totale. Avec plus de cinq mille âmes, la population originaire de Turquie pèse environ 18% dans la démographie caladoise. Par le biais de la naturalisation, les membres de cette population tendent de plus en plus à devenir citoyens à part entière de la République Française. La raison principale en est simple : cette population se reconnaît sans réserve dans les valeurs de notre République, les mêmes qui ont guidé Mustafa Kemal Atatürk, le père de la nation turque, lorsqu’il a jeté les fondations de la Turquie moderne en 1923.
Les Franco-Turcs de Calade ne trouvent aucune rationalité dans cet amendement. ""Quel est l’intérêt de la France de gifler ainsi un allié séculaire comme la Turquie ?", s’interrogent-ils.
"Au XIXè siècle, ils avaient qualifié la Turquie "d’homme malade de l’Europe", et non pas de l’Asie", entend-on aussi. _ Ou encore : "La France aurait-elle oublié que 30,000 marins turcs ottomans sont venus à la demande du Roi François 1er pour guerroyer aux côtés des Français dans le but de reconquérir Nive alors aux mains des Espagnols ?".
Selon vous, l’intégration européenne de la Turquie est quasi historique...
"Les Accords d’Ankara du 12 septembre 1963 prévoient que la Turquie adhère à terme à l’Union européenne : l’UE est liée par ces engagements, qu’on la veuille ou non. D’ailleurs, plus de 5 millions de Turcs vivent aujourd’hui dans les pays de l’UE dont 450,000 dans l’Hexagone.
Rappelons aussi à ceux qui doutent toujours de l’identité européenne de la Turquie qu’elle est un membre fondateur du Conseil de l’Europe et de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), membre de l’OTAN et de l’Union de l’Europe Occidentale (UEO), le bras armé de l’UE. Ayons uns approche équitable, dépassionnée et pragmatique vis-à-vis de la Turquie comme avec n’importe quel autre candidat l’adhésion à l’Union."
Vous avez cependant l’espoir de voir cet amendement retiré...
"Nous saluons la sagesse de la commission des Affaires étrangères et de la commission des lois du Sénat français qui ont voté, mercredi 11 juin, la suppression de l’amendement. Depuis, le soulagement a commencé lentement à gagner les Franco-Turcs de Calade, qui espèrent néanmoins la suppression définitive de cet amendement.
A l’AFTV, nous militons activement pour une meilleure connaissance et compréhension entre Français et Turcs. Ainsi, l’intégration des Turcs et des Français d’origine turque à la société française est-elle l’une de nos priorités.
Nous refusons d’accorder le moindre crédit à des théories comme "le choc des civilisations", ni de croire que l’UE est un "club chrétien fermé", parce que nous sommes français et avons confince dans la sagesse du peuple français et la clairvoyance de nos élites. D’ailleurs, nous nous félicitons de la qualité de nos relations avec les pouvoirs publics de Calade. L’espoir est de rigueur car nous croyons en la France, que nous aimons".
Propos recueillis par J.V.