Après avoir d’abord nié la mort du journaliste, les autorités saoudiennes ont déclaré que les suspects accusés du meurtre du journaliste avaient commis un acte « prémédité ».

Vingt jours après l’ouverture d’une enquête judiciaire sur la mort de Jamal Khashoggi, tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul, le parquet turc a lancé, vendredi 26 octobre, une procédure d’extradition contre dix-huit Saoudiens soupçonnés d’implication dans le meurtre de l’opposant, a annoncé le ministère turc de la justice. Cette demande intervient deux jours avant la venue en Turquie du procureur général saoudien.

Jamal Khashoggi, journaliste et opposant saoudien exilé aux Etats-Unis et qui contribuait notamment au Washington Post, a été tué le 2 octobre lors d’une visite au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, où il devait obtenir des papiers pour pouvoir épouser sa fiancée turque.

Après avoir d’abord nié la mort du journaliste, les autorités saoudiennes, sous la pression internationale, avaient avancé plusieurs versions, avant de déclarer jeudi que, sur la base d’informations fournies par la Turquie, les suspects accusés du meurtre de Khashoggi avaient commis un acte « prémédité ».

La Turquie « mieux à même de rendre justice »

Le parquet d’Istanbul a remis les noms des dix-huit suspects soupçonnés « d’implication dans ce meurtre prémédité » au ministère de la justice, qui les a à son tour transmis au ministère des affaires étrangères pour que la demande d’extradition soit adressée à Riyad par les canaux officiels, a fait savoir le ministère de la justice dans un communiqué.

Le 20 octobre, les autorités saoudiennes avaient annoncé avoir interpellé dix-huit personnes — quinze membres d’un commando saoudien soupçonné d’avoir tué le journaliste, ainsi que trois employés du consulat — et qu’elles seraient jugées. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait appelé mardi au jugement de ces suspects à Istanbul et non pas en Arabie saoudite, même si le crime a été commis par des Saoudiens dans l’enceinte d’un consulat saoudien.

« La demande d’extradition est motivée par le fait que Jamal Khashoggi a été tué en Turquie par des ressortissants saoudiens qui ont fait le voyage à cette fin spécifique », a rapporté un haut responsable turc sous couvert d’anonymat. « Il est clair que le système judiciaire turc est mieux à même de rendre justice dans cette affaire », a-t-il ajouté, précisant qu’un éventuel procès en Turquie serait ouvert « aux observateurs internationaux ».

Vidéosurveillance désactivée

L’enquête turque met, en effet, en lumière des preuves solides démontrant que le meurtre du journaliste et dissident a été planifié des jours à l’avance. Dans une allocution mardi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a détaillé que trois agents saoudiens sont arrivés en Turquie la veille de la disparition du journaliste et se sont rendus dans une forêt proche d’Istanbul et à Yalova, une ville des bords de la mer de Marmara, à 90 km au sud d’Istanbul. Deux sites où la police turque, qui n’a toujours pas retrouvé le corps de Khashoggi, a procédé à des fouilles.

M. Erdogan a, par ailleurs, confirmé que quinze Saoudiens étaient arrivés à Istanbul le jour même de la disparition de M. Khashoggi et indiqué que les dix-huit interpellations auxquelles les autorités saoudiennes disent avoir procédé correspondent aux informations du renseignement turc. Le président turc a ajouté que le système de vidéosurveillance installé à l’intérieur du consulat saoudien avait été « désactivé ».

Interrogation du le personnel du consulat saoudien

Les citoyens de Turquie qui travaillent au consulat saoudien ont été convoqués au parquet d’Istanbul pour faire des dépositions. Le jour de la disparition du journaliste, ils avaient tous eu congé. Il s’agit en tout de 15 personnes.

Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a annoncé que la Turquie avait obtenu de la part de l’Arabie saoudite une autorisation pour visiter son consulat général à Istanbul suite à la disparition de Jamal Khashoggi.
La semaine dernière, The Washington Post a communiqué que le gouvernement turc avait indiqué aux officiels américains détenir des vidéos et des bandes sonores qui prouvent que le journaliste a été assassiné dans le consulat. Pour sa part, Riyad rejette toute accusation.

Source : plusieurs Agences