Ce dessin de Haslet Soyöz (Milliyet 19/03/08) illustre parfaitement ce que je pense à propos des événements récents.
Si l’interdiction des partis politiques est le dernier recours dans une démocratie, quid des partis politiques dont les leaders tiennent des propos contraires aux principes constitutionnels de leur pays ? Peut-on laisser R.T. Erdoğan entraîner la Turquie vers une sorte de "démocratie musulmane" sous prétexte qu’il a été élu avec 47 % des voix ? Que fait-on des 53 % qui n’ont pas voté pour lui ?
Depuis quelques jours cet homme qui dirige un pays laïque continue de provoquer le régime en citant des versets du Coran, en tenant des propos diffamatoires envers le procureur qui a transmis à la Cour constitutionnelle une demande d’interdiction de l’AKP, en stigmatisant une partie de son peuple (les Turcs sécularisés) en les nommant "eux".
Depuis que R.T. Erdoğan est aux commandes, la Turquie est divisée entre les Turcs sécularisés citadins et les Turcs conservateurs ruraux comme s’il n’y avait pas de passerelles entre ces deux groupes. Pourtant ces passerelles existent car une grande majorité des Turcs sécularisés d’aujourd’hui a des origines rurales, des parents et des grand-parents musulmans conservateurs. C’est mon cas. Culturellement, il n’y a pas de différences insurmontables entre ces deux groupes. Alors pourquoi cette opposition ? Il y a opposition car nous avons désormais un PM qui utilise la religion pour séparer les Turcs.
Légende du dessin :
La flèche pointant une porte cadenassée avec l’inscription "Parti" : Honte démocratique
La flèche pointant une femme fantôme : Honte politique.