Plus de 8 500 antiquités volées saisies par les douaniers turcs

Pièces en or, en bronze, datant du VIIe siècle avant J-C… 8 597 antiquités ont été saisies par les douaniers. Un butin d’une valeur d’un million d’euros retrouvé dans un modeste appartement du centre de la France, au cœur d’un marché noir. "On ne s’attendait pas à tomber sur ce trésor", indique un responsable de l’enquête. Le butin était dispersé dans l’appartement du père de famille, avec des pièces cachées dans le meuble de télévision ou dans des sacs plastique.

"Dignes des trafics de stupéfiants"

Bouclées fines 2023, ces investigations débutent 2021, lorsque les douaniers autrichiens interceptent un colis contenant plusieurs objets antiques dont la provenance leur semble suspecte. Le ressortissant bulgare qui a tenté d’expédier le courrier explique que les objets, qu’il s’apprêtait à envoyer vers l’Angleterre (pour les faire nettoyer) proviennent de France. Or, le service de renseignement douanier français (DNRED) constate très vite que les sociétés anglaise et française, se présentant comme spécialisées en numismatique, portent le même nom. De fil en aiguille, les enquêteurs arrivent à une page internet sur laquelle ces sociétés, qui comptent dans leur rang plusieurs personnes d’origine turque, proposent essentiellement des monnaies d’Anatolie. De quoi faire tiquer les spécialistes : habituellement, le fonds proposé est varié, afin de toucher un maximum de clients.

L’absence de déclaration d’importation et de traces financières d’éventuels achats des objets finit par lever les derniers doutes : la provenance de ces pièces n’a rien de propre, au sens figuré non plus. De leur côté, les autorités turcs interpellent, en Turquie, plusieurs personnes soupçonnées de trafic de biens culturels. Dans leur enquête apparaît le nom de l’homme résidant en France et chez qui ont été retrouvées les milliers de pièces, ainsi que du matériel pour nettoyer le tout.

Derrière ce pillage patrimonial se cachent des réseaux "dignes des trafiquants de stupéfiants", selon un membre des douanes. "Généralement, les pièces sont pillées dans des villages par des personnes qui sont dans des situations assez précaires. Les mafieux vont leur fournir des détecteurs de métaux pour qu’ils puissent chercher des trésors dans leur localité selon les histoires qu’ils ont pu entendre et qui ont pu passer avec les générations. Une fois ces matériaux récupérés, des collecteurs vont passer de village en village pour acheter ces objets à vil prix, et sûrement pas au prix du marché européen", détaille l’enquêtrice spécialisée dans le trafic de biens culturels.

Source : France Inter