100e anniverssaire de la république de Turquie

Editos & Tribune libre

Une histoire de perspectives, d’images tronquées.

Publié le | par Engin | Nombre de visite 261
Une histoire de perspectives, d'images tronquées.

En 1957, la Turquie se réjouissait de participer à la construction européenne.

En 1959, elle faisait partie des tout premiers pays à demander d’y adhérer.

En décembre 1963, Makarios (un pope intégriste, mais vu qu’il a une croix, cela ne gène personne) propose de rayer le droit des Turcs de l’île, et avec les Chypriotes grecs de l’EOKA ils procèdent à des massacres de Turcs dans un seul but, clairement revendiqué : Une île sans Turcs et rattachée à la Grèce.

Cela n’a touché personne. Juste une photo de l’année. Une non-réaction qui équivaut à un parti pris : une condamnation à mort des Turcs de l’île.

En 1974 quand les Grecs remettent ça, et que la Turquie, conformément (à 100%) au traité de garantie de l’indépendance de l’île, intervient, cela permet à certains esprits malhonnêtes de retourner la situation légitime de la Turquie, en sorte de tare à lui reprocher. Une grande malhonnêteté que sans être nationaliste ou pro régime turc on peut, on doit, dénoncer en tant que biais cognitif contre la Turquie.

Les sujets de guerre par procuration concernent, bien sûr, en premier lieu des pays géo-politiquement essentiels... comme la Turquie.

Les revendications arméniennes qui trouvent plus simple - c’est logique - de se défouler sur les Turcs que sur le monolithe soviétique ont la voie ouverte par cette malhonnêteté ambiante.

Le terrorisme devient un concept élastique. Quand cela tue un Turc, le terrorisme ce n’est pas le mélodrame à la Charlie ou Bataclan, c’est un truc du genre opinion qui été un peu fort, bah. C’est anormal. Même la paisible suisse, s’est empressée d’oublier ces attentats sur son sol.

En 1979, pour rappel, on a l’Iran qui fait la nique aux USA et à leur pion installé qui était très élégant dans des salons cossus, et l’Afghanistan qui soi-disant demande à l’URSS d’aider son régime communiste... En Turquie la situation politique c’est le clash de tous les extrêmes : on a 5000 morts en 2 ans dans ce grand pays entre l’URSS et le rêve d’Occident, l’Europe, l’OTAN.
Et voilà (comme en Grèce) en Turquie on a en 1980 un coup d’Etat.
En Europe, on se délecte du mot « dictature militaire », de l’image de gros méchants Turcs bottés.

On a même des comités défendant le droit des islamistes purs et radicaux.
Ah ils sont trop sévères, ces militaires.

Quand l’URSS soutient, avec la Syrie, une prise en étau de la Turquie, avec l’élément perturbateur kurde communiste, il y a un nouveau caillou à lancer sur la tête du Turc qui n’a sincèrement et sérieusement rien vu venir.

Avec ce qu’il se passe entre l’Irak et l’Iran (1980-1988) la Turquie essaie juste de gérer sans glisser.

Avec, toujours, une Syrie détestable soutenant le PKK tueur de Turcs et le début d’une nouvelle forme de terroristes. Quand la Turquie accueille des centaines de milliers de réfugiés majoritairement kurdes de la Première Guerre du Golfe, l’épouse du Président Mitterand ose insulter les Turcs, distillant la haine française devenue plus qu’usuelle, pour ceux qui suivent, déjà, depuis un moment l’air du temps.

Le parfum alentours. Ce salaud de Turc, il n’a même pas offert assez de lait aux réfugiés kurdes.
Véridique.
Inoubliable.

Et puis, alors, après, on a 2001, le WTC… Quand, Istanbul s’est fait saignée par les mêmes terroristes, que Londres et Madrid, j’ai vu l’absence de compassion. Absolue.

Et puis on a eu les chaussures qui volent avec raison, mais le monde qui continue à avancer avec ses sabots, avec son angle biaisé, tordu.
Il n’y avait même pas encore Airdogane comme ils disent. Alors que la Turquie était trainée devant la Cour européenne de Justice pour être trop sévère avec les islamistes extrémistes, le fait qu’elle soit musulmane, la Turquie, c’est juste la raison parfaite pour s’en méfier. Et la charger de tous les torts.
Vous imaginez, tous ces musulmans en Europe ?! Pour rappel, en 2001, la Grèce devient le 12è pays de la zone euro.

C’est encore tout petit pour cette masse de moustachus.

Donc, le biais cognitif existait bien avant RTE. Bon, il existait déjà avec le mot Tête de Turc avant 1900. Cette illusion de la victime coupable, de son Président, de ci, de cela, peut consoler, peut-être, certains. Mais c’est faux.

RTE, a même comme défaut, pour certains Turcs, d’avoir été trop conciliant.

Comme pour se payer une odeur de sainteté. Sur le dos du peuple turc. Effaçant ce qui est trop turc, allant jusqu’à donner du Monsieur à ce terroriste aux 50’000 morts sur la conscience qui, s’il était un Merah ayant touché un policier et/ou un soldat, en France, serait du hachis parmentier sans plus de cérémonial ou protocole.

Au lieu de s’interroger sur l’image de RTE comme excuse à toutes ces préjugés injustes et pardonner aux turcophobes patentés leur injuste manière de voir, il faut juste, aussi, se rappeler que les forces politiques internationales, impérialistes, ont déjà décidé que la Turquie était à exploser, il y a longtemps, non seulement pour des raisons géopolitiques mais pour la chose la plus importante avant le pétrole et le gaz (de l’Irak et la Syrie) : pour prendre ses sources d’eau d’ici 10 ans au plus.

Le dicton qui dit que l’on prétend que son chien a la rage pour pouvoir le tuer est tristement toujours parfait. Cette non-affaire sur laquelle la presse francophone, notamment, s’est précipitée avec hargne est usuelle.
Un exemple de plus dans une longue liste. Comme le dit la définition : Le biais cognitif est « une distorsion dans le traitement cognitif d’une information, une déviation systématique de la pensée logique et rationnelle par rapport à la réalité. »

Il y a un protocole mais des journalistes de pays censés connaître leurs institutions choisissent sciemment de l’ignorer.

Il y a une image. Mais l’image est volontairement tronquée.

C’est un crime d’incitation à la haine raciale.

C’est une violation de tous les articles de la Charte de Munich du journalisme.

Mais on attend, déjà, la prochaine non-histoire, l’image coupée, l’absurdité.
Le sillon est tracé dans un champ des possibles laissé en friche.
Encore et toujours.

par Aylin


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