La nouvelle TEB, issue de la fusion entre l’ancienne filiale turque de Fortis et la filiale de BNP Paribas, réunit 10.000 salariés et plus de 600 agences. Elle vise un quasi-doublement de sa part de marché d’ici 2013 pour atteindre 5%.

« Une nouvelle TEB, une nouvelle vie  ». Depuis ce lundi 21 mars, c’est avec ce nouveau slogan publicitaire que la filiale turque de BNP Paribas inonde la presse locale et la télévision. Elle doit faire savoir aux clients de Fortis Turquie qu’ils sont désormais intégrés à la banque TEB.

Le week end dernier les 10.000 salariés du nouveau groupe ont été réunis pour fêter l’événement et l’ensemble des agences Fortis, environ 270, ont changé de bannière et de logo. La Turquie va ainsi devenir, en nombre de salariés, le cinquième marché du groupe après la France, l’Italie (via BNL), la Belgique et les Etats-Unis (via Bank of The West).

Neuvième banque en Turquie

Avec la nouvelle TEB, BNP Paribas devient la neuvième banque du pays dominée essentiellement par les banques d’Etat. Elle gagne un cran devant Denizbank la filiale de Dexia. Il a fallu un an de discussions et de mises au point avec le partenaire de BNP Paribas, la famille Colakoglu qui est resté actionnaire à 50/50 de TEB Mali, le holding de TEB et créateur de la banque il y a 25 ans.

« Nous avons choisi cet équilibre. Avoir un partenaire qui connaît bien le marché turc est très important pour nous  » , affirme Jean-Paul Sabet, le responsable Turquie de BNP Paribas qui a déjà mené par le passé l’intégration de BNL en Italie.

Fortis Turquie et TEB étaient deux banques cotées, concurrentes et de taille quasi similaire. « Mais elles sont complémentaires  », affirme Jean-Paul Sabet. Fortis Turquie était spécialisée sur les particuliers, TEB sur les PME. Depuis leur prise de contrôle par leurs actionnaires respectifs, toutes les deux en 2005, elles ont connu une forte croissance surtout sur le marché des particuliers et profité du bond de l’économie turque. Avec un petit ralentissement toutefois pour la filiale de Fortis à partir de 2007 lorsque sa maison-mère a montré ses velléités sur ABN Amro.

86 millions d’euros de synergies pour 123 millions de coûts de restructuration

Dans un tel contexte, les doublons en termes d’agences sont relativement limités (évalués à moins d’une cinquantaine sur un total de 604). Et la banque a profité en 2010 d’un turnover des équipes à deux chiffres, « mais qui est naturel en Turquie  » selon le président de TEB Yavuz Canevi, pour rationaliser les effectifs ( 600 personnes sont parties).

Les synergies pour BNP Paribas (qui consolide 67% des intérêts économiques de TEB) ont été évaluées à 86 millions d’euros, pour des coûts de restructuration de 123 millions d’euros sur trois ans. Ils ne devraient pas provoquer de résultat négatif pour TEB en 2011.

Ambitions mesurées dans un marché prometteur

Dans un marché très concurrentiel, où les banques étrangères sont particulièrement présentes -BBVA a encore racheté récemment Garanti à GE Capital -les ambitions de la banque française se veulent mesurées. Comme à son habitude, elle ne donne pas d’objectifs de résultats mais privilégie des objectifs en parts de marché. Elle vise 5% en 2013 dans les dépôts et les crédits contre 2,8% et 3,8% respectivement aujourd’hui.

Le marché turc paraît prometteur. Il bénéficie d’une démographie très dynamique avec 65% de la population âgée de moins de 35 ans et un potentiel de croissance du PIB qui se place juste derrière celui de la Chine, à 8% en 2010. A peine 20% des turcs sont bancarisés contre près de 100% en Europe de l’Ouest. Malgré la crise, le marché du crédit n’a pas cessé d’augmenter et les prévisions entre 2009 et 2013 font état d’une croissance moyenne de 22% par an. Pour les dépôts, elle pourrait être de 15%. Un eldorado bancaire, où les marges sont restées intéressantes malgré la baisse des taux d’intérêt par la Banque centrale turque depuis deux ans.

Ce genre de discours volontariste a déjà été entendu dans d’autres pays comme la Grèce ou l’Ukraine. Mais ici, les dirigeants de BNP Paribas affirment que la situation est différente. Le régulateur bancaire turc serait plus sérieux, les banques ont des niveaux fonds propres exceptionnellement élevés et sont très surveillées.

Le nouveau siège bancaire de TEB sera installé sur la partie Asiatique d’Istanbul alors que ceux de Fortis (photo) et de TEB étaient à l’origine de l’autre côté du Bosphore. « Il n’y a plus assez de place côté européen », précise Jean-Paul Sabet. Un signe des temps

"Sources : http://www.lesechos.fr"