Les investisseurs s’attendaient à ce qu’Ankara mette en place les réformes nécessaires à temps pour le budget 2011 après avoir fait le choix de refuser un nouvel accord de prêt proposé par le Fonds monétaire international (FMI) en début d’année.
Mais "les mesures budgétaires ne seront pas prises en compte en 2011. le budget 2012 ne sera pas établi en fonction de ces mesures budgétaires", a déclaré le ministre de l’Industrie, Nihat Ergun, cité par l’agence de presse officielle Anatolian.
Les analystes et les trois principales agences de notation, qui avaient laissé entendre que les réformes attendues étaient susceptibles de permettre à la note souveraine turque de remonter en catégorie d’investissement, ont exprimé leur inquiétude après ces propos, qui ont fait reculer la Bourse d’Istanbul.
Celle-ci a terminé la journée en baisse de 1,72% .XU100.
"Ces propos sont importants car ils prouvent clairement que les mesures budgétaires ne bénéficient pas du soutien sans réserve du gouvernement", a commenté Inan Demir, économiste à la Finansbank Research. "Et ce manque d’engagement est évidemment inquiétant pour l’approbation de ces mesures et leur éventuelle application".
Les analystes estiment que ce report soulève des questions sur les intentions réelles du gouvernement turc. L’agence de notation Moody’s a quant à elle exprimé son inquiétude face aux conséquences possible d’un report des réformes budgétaires.
VERS UN ASSOUPLISSEMENT DES OBJECTIFS ?
"Un assouplissement des règles budgétaires devrait affecter les fondamentaux de la Turquie, non seulement à cause de l’impact que cela aura sur la dette et le déficit mais aussi parce que cela va générer des problèmes de déséquilibres externes, de surcharge du secteur privé et de pressions inflationnistes plus difficiles à contenir", a expliqué Sarah Carlson, analyste senior chez Moody’s.
Le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, espère que le retour d’une croissance économique soutenue l’aidera à remporter une troisième victoire électorale l’an prochain.
Après avoir subi une récession sévère l’année dernière, l’économie du pays devrait rebondir d’environ 6% en 2010 mais elle devrait ralentir les années suivantes. Le taux de chômage en Turquie stagne à environ 12%.
Les mesures budgétaires évoquées prévoyaient de réduire le déficit du pays à 1% du produit intérieur brut (PIB) en dix ans et la dette publique à environ 30% du PIB sur la même période.
Mais des sources gouvernementales ont affirmé à Reuters que ces paramètres pourraient être assouplis, certains ministres cherchant par exemple à privilégier, pour le déficit, le ratio de 3% du PIB prévu par le traité européen de Maastricht.
La semaine dernière, le ministre des Finances turc, Mehmet Simsek, avait toutefois fait savoir que la Turquie était en passe d’atteindre ses objectifs pour 2010 dès les six premiers mois de l’année.
Le gouvernment vise un déficit à 4,9% du PIB en 2010 contre 5,5% du PIB l’année dernière, puis à 4% en 2011 et 3,2% en 2012.
(Selcuk Gokoluk, Alexandra Hudson, Catherine Monin pour le service français, édité par Marc Angrand)
Source Reuters