La Turquie a annoncé, mercredi, une série de sanctions contre la Syrie, imitant la Ligue arabe et les puissances occidentales, pour protester contre la répression des manifestations antigouvernementales orchestrée par le pouvoir syrien. La Turquie va ainsi suspendre sa coopération stratégique avec Damas et bloquer toute livraison d’armes à la Syrie. Les avoirs syriens en Turquie vont être gelés, de même que les relations avec la Banque centrale de Syrie, et les crédits turcs destinés à la Syrie sont interrompus, a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.

"Tant qu’un gouvernement légitime, en paix avec la population du pays, ne sera pas en place en Syrie, le mécanisme de la coopération stratégique de haut niveau sera suspendu", a dit le ministre, jugeant que le régime syrien était "dans une impasse". Le commerce bilatéral entre les deux pays s’est élevé à 2,5 milliards de dollars l’an dernier (1,9 milliard d’euros). Leur frontière commune fait 900 kilomètres de long. La Turquie était, il y a peu, l’un des plus proches alliés de la Syrie et son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, entretenait une relation forte avec le président Bachar el-Assad.

Déserteurs

Mais le président syrien n’a pas écouté les appels à la modération formulés par Ankara, et la répression du mouvement de contestation s’est intensifiée au fil des mois, jusqu’à ce que Erdogan l’appelle à quitter le pouvoir. La Turquie accueille désormais des déserteurs de l’armée syrienne et le principal groupe d’opposition politique. Les sanctions turques font suite à celles annoncées dimanche par la Ligue arabe à l’encontre de la Syrie. Ahmet Davutoglu s’était rendu en personne à une rencontre des ministres des Affaires étrangères de l’organisation panarabe le week-end dernier au Caire.

D’ores et déjà, la compagnie de raffinage pétrolier turque Tupras a mis un terme à un contrat d’achat avec la compagnie nationale du pétrole syrienne Sytrol, écrit, mercredi, le journal turc Haberturk, citant le P-DG de Tupras, Yavuz Erkut. Le contrat, qui était en vigueur depuis 1995, a été rompu au début du mois de novembre, précise le journal. Par ailleurs, toutes les compagnies aériennes des Émirats arabes unis suspendront la semaine prochaine leurs liaisons avec la Syrie, a annoncé le gouvernement de Dubai sur Twitter. La compagnie de Dubai, Emirates, et celle d’Abu Dhabi, Etihad, sont parmi les plus importantes de la région.

Reuters