À 35 ans, Ozkan Baysal vit « son rêve ».
Plus jeune, ce fils d’immigrés turcs qui a fait ses classes à Bron -Terraillon ne s’imaginait pas endosser un jour le costume de patron et atteindre la reconnaissance de ses pairs.
Il y a peu l’entreprise NIV (fabricant-grossiste en prêt-à-porter féminin à Lyon 6e) qu’il dirige en famille depuis 2000 était lauréate « Espoir » des Grès d’Or décernés par la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France.
Une distinction obtenue grâce à son concept de « prêt à vendre » spécial GMS mis en place il y a six mois avec le groupe de grande distribution Cora. Celui-ci consiste à fournir à la grande distribution des produits tendance renouvelés chaque semaine. Une telle flexibilité - qui fait aussi sa force auprès de sa clientèle de commerçants indépendants 40 % de son CA - lui a permis de constater sur le premier semestre une croissance de 6 % du chiffre affaires.
Pour étoffer son concept, il lui a fallu repenser l’organisation de sa logistique qu’il a parée pour répondre avec efficience à la grande distribution.
Ce Brondillant de toujours, aujourd’hui marié, père de trois garçons, qui imagine bien d’autres leviers de développement à l’avenir (son site internet Be to Be lui a permis de capter des clients au Japon, Canada etc.) reconnaît « rêver en famille ».
Sa trajectoire est plus familiale qu’individuelle car chez NIV, Ozkan, travaille avec son frère et ses deux sœurs ; chacun est à un poste clé.
De vrais besogneux qui ont suivi l’exemple du paternel Necdet arrivé en France au début des années 70 qui a cumulé un double-emploi pendant 25 ans.
Ouvrier dans l’industrie mécanique le jour, il est façonnier le soir dès la création de NIV (Nouvelle industrie du vêtement) par Henry Kuperman en 1978.
À l’époque, Necdet travaille 15 à 20 heures par jour pour subvenir aux besoins de sa famille, se souvient Ozkan.
Jusqu’en 1990, le façonnage remplit les soirs et les week-ends des Baysal qui se voient, au début des années 90, confier la finition des pièces avant de missionner à leur tour des ouvriers à façon.
De quoi faire de l’univers textile le violon d’Ingres de toute une famille baignée dans le commerce au point se s’improviser aussi chaque dimanche, boulangers ambulants dans l’Est lyonnais.
Imitant en cela un grand-père qui vendait des fruits secs en camion à travers l’Anatolie.
Ozkan remercie encore aujourd’hui ses parents pour les valeurs qui lui ont été inculquées n’oubliant pas une devise martelée dans son enfance « rentre à la maison lorsque les lampadaires s’allument ».
BTS action co en poche, Ozkan assoiffé de « business » démarre en vendant des pièces automobiles qui ne trouvent pas leur public, avant de saisir la chance de sa vie en mars 2000 lorsque Henry Kuperman « son père spirituel » lui cède, via un crédit-vendeur sur 7 ans, l’entreprise NIV.
« Un vrai miracle de la vie », reconnaît celui qui a hissé l’entreprise de 1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2002 à 6,4 millions en 2009 (10 % à l’export vers la Belgique, le Luxembourg et la Suisse) et qui prévoit 15 % de croissance pour 2010 avec 17 salariés.
Une année 2002 charnière marquée par l’arrêt de la production en France (sous-traitance en Turquie et en Italie) et une augmentation significative de la force de ventes. Mais aussi à un taux de pénétration important dans la grande distribution grâce à une multiplication par cinq du nombre de modèles proposés conjugué à toujours plus de flexibilité.
Le maître mot « qui fait notre marque de fabrique ».
Sa passion :
« C’est très certainement mon entreprise car elle me permet de m’épanouir chaque jour en famille, de croire en des développements futurs. » >>
Son restaurant :
« La Tour Rose car j’apprécie la cuisine et le cadre me paraît à chaque fois plus magique. Je suis un inconditionnel du Vieux Lyon, c’est une véritable passerelle dans le temps. » >>
Son voyage :
« C’est, sans hésiter, les États-Unis. Je garde intact dans mon esprit mes trois mois de séjour à San Francisco. Ca m’a fait mûrir, j’ai ouvert les yeux sur les gens, sur le monde. » >>
Son rêve :
« Si je me prenais à rêver, je rêverais d’exporter du prêt-à-porter sur toute la planète, d’imposer NIV à travers le monde. Nous sommes encore jeunes, dynamiques, pleins d’énergie, je crois que le rêve est encore envisageable. Un peu, beaucoup... A LA FOLIE .