Otan : La Turquie déploie quatre avions F-16 en Pologne pour une mission de police du ciel
Depuis 2004, l’Otan assure la surveillance de l’espace des pays baltes dans le cadre de la mission Baltic Air Policing. Jusqu’en 2014, cette dernière reposait sur des rotations de quatre avions de combat, basés à Šiauliai, en Lituanie. Puis, au titre des mesures dites de « réassurance » prises après l’annexion de la Crimée par la Russie, ce dispositif fut significativement étoffé.
Ainsi, le nombre d’avions présents en Lituanie fut doublé tandis que huit appareils supplémentaires furent déployés sur les bases de Malbork [Pologne] et d’Amari [Estonie].
Sollicitée, la France envoya en Pologne quatre Rafale [dont deux du Régiment de chasse 2/30 Normandie Niémen, dont l’insigne avait été effacé de la dérive… pour des raisons diplomatiques] en Pologne. Les aviateurs français furent ensuite relevés par un détachement néerlandais en septembre 2014.
Un an plus tard, ce dispositif évolua à nouveau pour se concentrer sur les seules bases d’Amari et de Šiauliai. Et l’Otan n’avait depuis plus envoyé d’avions de combat en Pologne. Du moins jusqu’à ces derniers jours.
En effet, avec quelques semaines de retard [leur déploiement aurait dû être effectif en mai dernier, selon un communiqué publié à l’époque par l’Allied Air Command, ndlr], quatre F-16 de la force aérienne turque viennent d’arriver à Malbork, dans le cadre de la présence aérienne renforcée de l’Otan [Enhanced Air Policing – eAP].
Ce « déploiement souligne la solidarité et la cohésion entre les Alliés de l’Otan et l’engagement collectif en faveur de la dissuasion et de la défense », a fait valoir l’Allied Air Command, le 6 juillet.
Cette participation turque aux opérations de l’Otan dans la région de la Baltique, qui prendra fin le 15 septembre prochain, est en soi un événement dans la mesure où la Turquie n’y avait plus envoyé d’avions de combat depuis 2006… et qu’elle s’était longtemps opposée aux nouveaux plans de défense élaborés en 2019 par l’Alliance au bénéfice des pays baltes et de la Pologne, critiquant le soutien apporté par certains alliés aux milices kurdes syriennes [YPG], considérées comme terroristes par Ankara.
Mais ce n’est le seul contentieux avec les Alliés. Le plus important est l’achat de systèmes russes de défense aérienne S-400 auprès de la Russie… Ce qui a valu à la Turquie d’être exclue du programme d’avion de combat F-35… ainsi qu’à sa base industrielle et technologique de défense d’être sanctionnée par Washington. Ce qui est de nature à compliquer la modernisation de la force aérienne turque… sur laquelle compte visiblement l’Otan. En novembre 2019, le président Macron avait parlé de « mort cérébrale » de l’organisation atlantique… En psychiatrie, on parlerait plutôt de « troubles dissociatifs de l’identité ».
Cela étant, l’envoi de F-16 à Malbork peut aussi s’expliquer par les bonnes relations qu’entretient la Turquie et la Pologne, cette dernière ayant récemment fait part de son intention de se procurer 24 drones tactiques Bayraktar TB2… Comme l’Ukraine, que soutient Ankara face « à la menace russe ».
Quoi qu’il en soit, le dispositif aérien de l’Otan pour la région de la Baltique s’appuie donc désormais sur 12 avions de combat. Outre les quatre F-16 turcs, quatre F-35A italiens sont déployés en Estonie et quatre Eurofighter espagnols sont présents en Lituanie.
Le 8 juillet, ces derniers ont dû décoller en urgence pour intercepter deux bombardiers russes Su-24 Fencer, interrompant ainsi une conférence de presse donnée par le président lituanien, Gitanas Nauseda, et Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, dans un hangar de la base de Šiauliai.