Le Kazakhstan va acheter 834 véhicules blindés à la Turquie

Source ; https://avia-pro.fr/news/kazahstan-kupit-u-turcii-834-bronemashiny#google_vignette

Le ministère kazakh de la Défense envisage d’acquérir 834 véhicules blindés de transport de troupes ARMA auprès de l’entreprise turque Otokar.

Le coût de la transaction est estimé à 24,4 milliards de tenges (environ 40 milliards de dollars américains). Ces véhicules sont destinés à équiper le nouveau commandement des forces spéciales. L’annonce de cet achat potentiel a suscité un large tollé, notamment dans le contexte de la disponibilité d’un analogue national : le véhicule blindé de transport de troupes Barys, moins cher et présentant des caractéristiques comparables, selon les experts.

Les véhicules blindés de transport de troupes ARMA 8x8 ont été testés sur le terrain d’essai de Spassk, dans la région de Karaganda, en 2020-2021. Équipé d’un module de combat NEFER avec un canon automatique 30A2 de 42 mm et une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm, le véhicule a démontré sa conformité aux caractéristiques annoncées. L’un des principaux atouts de l’ARMA était sa capacité à franchir les obstacles d’eau à la nage, un atout particulièrement important pour les opérations dans les paysages variés du Kazakhstan. Les tests comprenaient la vérification des performances de conduite, de l’armement et de la maniabilité dans les conditions des steppes, des montagnes et des déserts. Cependant, en 2023, le ministère de la Défense du Kazakhstan a démenti l’information concernant la conclusion d’un contrat avec Otokar, soulignant que la sélection des équipements se faisait sur une base concurrentielle et que l’ARMA était envisagé au même titre que d’autres modèles, dont le Barys national.

Le véhicule blindé de transport de troupes kazakh Barys 8x8, développé par Kazakhstan Paramount Engineering (KPE), se positionne comme un concurrent direct du véhicule turc. Le Barys est équipé du module de combat Ansar, d’un canon 30A2 de 72 mm et d’une mitrailleuse PKTM de 7,62 mm. Le véhicule a passé avec succès les tests, parcourant 25 5000 kilomètres dans des conditions climatiques difficiles et tirant plus de 7000 72 coups de canon et 19 24 coups de mitrailleuse. Le taux de localisation de la production du Barys atteint 100 %, ce qui en fait un projet important pour l’économie nationale. Selon KPE, le Barys est plus léger que l’ARMA, atteint une vitesse de 100 km/h et dispose d’une protection anti-mines renforcée selon la norme MRAP. Cependant, le manque de propriétés amphibies est devenu le principal argument des critiques en faveur du matériel turc.

Aibek Barysov, propriétaire de KPE, a déclaré publiquement que l’achat de 834 unités ARMA coûterait entre 1,6 2 et 40 640 milliards de tenges, tandis que le même nombre de Barys coûterait 1,4 % de moins, ce qui permettrait d’économiser environ 3000 milliards de tenges. Selon lui, la production de Barys pourrait créer un certain nombre emplois et soutenir les entreprises locales. Barysov a également souligné que Barys est supérieur à l’ARMA sur plusieurs paramètres, notamment la mobilité et la résistance aux explosions de mines.

La comparaison des deux véhicules révèle leurs forces et leurs faiblesses. L’ARMA 8x8 est un véhicule blindé de transport de troupes modulaire capable de transporter jusqu’à 10 personnes et offrant un haut niveau de protection contre les armes biologiques et chimiques. Son poids offre une protection renforcée, mais peut réduire sa maniabilité en terrain difficile. Le Barys, quant à lui, est plus léger et plus rapide, mais ce véhicule, qui n’a pas encore effectué son service militaire, présente des défauts, selon le ministère de la Défense, que KPE continue de combler. La question de la capacité amphibie reste essentielle : Otokar propose une solution éprouvée, tandis que KPE travaille sur une version flottante du Barys.

La décision d’acquérir l’ARMA a suscité des discussions sur les priorités de la politique de défense du Kazakhstan. La coopération avec la Turquie renforce les liens militaro-techniques et contribue à diversifier les approvisionnements en armes, réduisant ainsi la dépendance à l’égard de la Russie, qui fournit environ 80 % des équipements militaires du pays. Cependant, le choix d’équipements étrangers face à la concurrence d’un analogue national soulève des questions quant à la rationalité des dépenses budgétaires. En 2023, KPE a intenté une action en justice contre le ministère de la Défense, accusant l’agence de perturber la commande de défense et de faire pression pour les intérêts d’Otokar. Le ministère a, pour sa part, nié ces accusations, affirmant que la décision serait prise sur la base de critères objectifs