Orhan Kural est un sacré personnage. Docteur universitaire, chef du département des mines d’Istanbul et grand défenseur de l’environnement, il parcourt le monde pour faire découvrir aux Turcs de nouvelles destinations et défendre ses idées.

La vie est faite parfois de rencontres très surprenantes. Celle avec Orhan Kural l’est tout particulièrement. Partout où ce grand voyageur turc passe, il veut laisser une trace.

Dans les salons du Surf, dimanche matin, il nous attend, confortablement installé et un large sourire aux lèvres. Devant lui, une bonne dizaine de livres, des coupures de presse et son impressionnant CV. A 61 ans, on dirait qu’il a déjà eu plusieurs vies. « Je travaille tout le temps et je ne dors que trois heures par nuit. La vie est trop courte ! ».

Ingénieur diplômé de l’université de Columbia, docteur en chimie du charbon, il est aussi professeur à l’université d’Istanbul. Orhan Kural est l’auteur d’une douzaine d’ouvrages sur le tourisme et l’environnement et la vedette de deux émissions sur la télé nationale turque. Egalement président du Turkish Travel Club, une organisation de touristes turcs, il a souhaité découvrir une première fois la Nouvelle-Calédonie après en avoir entendu parler lors de l’inscription du lagon au patrimoine mondial. Accompagné de quelques compatriotes, il voulait d’abord se faire une idée de la culture. Son séjour ici n’aura duré que quatre jours, mais pour lui cela suffit : « Je peux rapidement faire une synthèse de la culture, des activités, du tourisme, explique-t-il. Si vous restez trop longtemps dans une culture vous n’avez plus le recul nécessaire car vous commencer à faire partie du pays, les sentiments prennent le dessus et vous n’êtes plus objectif. La première impression c’est ce que le touriste ressent quand il débarque et c’est ce que le lecteur recherche. »

Végétarien

Orhan Kular, qui a quitté le pays cette nuit pour des rencontres avec les autorités du Vanuatu, n’a visité que le Sud et l’île des Pins, mais reviendra dès l’an prochain. « Je vais dans chaque pays au moins trois fois. Au fur et à mesure, je rentre davantage dans ce qui est authentique. La prochaine fois j’irai dans le Nord ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne gardera pas un souvenir impérissable de Nouméa. Pas assez authentique, trop de voitures, trop d’infrastructures, une société tournée vers la consommation à outrance, trop de gaspillage, bref, tout ce qu’il déteste. Heureusement, il y a eu l’île des Pins et de belles rencontres. « Le milieu kanak est extrêmement bouleversé par la modernité. J’en vois beaucoup qui sont obèses et cela me rend triste car c’est un peu pareil dans tous les pays du Pacifique. Les populations se sont écartées du milieu traditionnel. »
Il faut dire que l’homme est végétarien, ne tue aucun animal, même pas les moustiques ce qui lui a valu d’attraper la malaria en Afrique. Il ne fume pas non plus et a contribué à la législation sur le tabac dans son pays. Il trouve donc très choquant que tout le monde fume dans les lieux publics en Nouvelle-Calédonie.

Bonheur

Orhan Kular consomme peu. « J’ai des moyens, mais je me suis rendu compte que l’on n’avait pas besoin de grand-chose pour être heureux ». Il part du principe qu’il faut remplir sa vie, pas ses bagages, et vivre chaque jour à fond à la recherche du bonheur. Et quand il raconte la misère qu’il a vue à travers le monde, il pleure.
Avec 226 pays et territoires visités, quelque 4 000 conférences et plus d’un million de kilomètres au compteur, Orhan Kural veut encore défendre l’idée que « voyager permet aux peuples de mieux se connaître et ainsi de contribuer à instaurer la paix » et que « plus un pays perd de ses valeurs environnementales, plus il perd de son potentiel touristique ». A méditer.

Source : Inc