Opération gilet orange pour l’indépendance du Turkestan orientale
Turquie News remercie l’association Ouïgours de France pour avoir accepté notre envoyé spécial Gianguglielmo Lozato à la manifestation
La souffrance de la minorité ouïgour est en train de se prolonger. Une amplification s’est opérée ces derniers mois. Exactions, camps de concentration, brimades, intimidations jusqu’à l’étranger font partie des épreuves de force à subir. C’est pourquoi les représentants de ce peuple "bel et bien autochtone, soulignons-le !" turcophone et de confession musulmane sunnite ont manifesté sur l’esplanade des Invalides, devant l’Assemblée Nationale puis devant l’ambassade américaine.
Un clair soleil automnal redonnait des couleurs à la vaste étendue de pelouse situé dans le septième arrondissement de Paris en ce 14 novembre 2018.
Les ouïgours et sympathisants se sont regroupés et se sont égosillés. Certains d’entre eux munis de haut-parleurs. Diverses classes d’âge composant cette assistance mixte. Des slogans à tendance dégagiste ont été déclamés à l’encontre du président de la République Populaire de Chine Xi Jinping. Un florilège de drapeaux flottant au vent s’est offert aux observateurs : Turkestan Oriental (bleu ciel frappé d’un croissant étoilé), France, États-Unis, Communauté Européenne, Turquie.
L’attitude générale était déterminée, expressive. Une colère exprimée en toute dignité.
Des militants ont quand même regretté que le sort de leurs compatriotes ne provoque qu’un sentiment à mi-chemin entre indifférence et attention retenue. Le leader du jour, Erkin, s’aventure à déclarer : ’’ il faut absolument nous faire entendre avant qu’il ne soit trop tard. Il faut que vous occidentaux nous ecoutiez ’’. Poursuivant : ’’ Nous remercions déjà la France pour avoir accepté la tenue d’un tel événement sur son sol ainsi que pour les asiles politiques accordés. Nous devons à présent accéder au niveau au-dessus : réclamer la protection des États-Unis d’Amérique ’’. Indignation, colère, tristesse rivalisent avec son courage et son charisme rejaillissant sur les exilés présents à ce moment. Lui qui n’a plus de nouvelles directes de ses proches restés au pays.
Le dossier ouïgour, c’est au fond un peu de nous-mêmes. Celui-ci rappelle la vulnérabilité potentielle de tout un chacun devant une forme extrême et finalement extrémiste de puissance gouvernementale arbitraire. L’individu contre le système. Le marin face à la tempête. Le cas ouïgour accumule les malchances : appartenance ethnique au monde turcophone, ce qui ne motive pas tout le monde à compatir.
Appartenance officielle à la nation chinoise. D’où un effet dissuasif pour un état voulant se mesurer au géant asiatique.
Appartenance à la religion musulmane, ce qui engendre une méfiance en Occident suite aux stigmates laissés par Daech, et discriminations violentes en Chine.
’’Nous sommes musulmans. Mais nous ne sommes pas des terroristes’ ’ a proclamé haut et fort Erkin Amlibit à son micro. Une déclaration pleine de détresse (comme beaucoup de ouïghours qui résident à l’étranger, notre interlocuteur principal a vu la ligne téléphonique de sa famille coupée au pays) confirmée par l’observation de l’assistance. Personne ne semblant radicalisé dans l’attitude ou le propos ;des conservateurs côtoyant des modernes et des laïcs au look ’’ fashion’’ ; des femmes voilées se mêlant à d’autres femmes, plus jeunes celles-ci, au look citadin tout à fait standard. Erkin tranchant grâce à son gilet orange de sauveteur. Une alerte orange qui nous interpelle sur une situation critique qui tendrait à devenir désespérée sans une intervention tripartite de haut niveau international (un bloc de dialogue Europe +États-Unis + Chine...). Cela serait tellement symbolique d’une entente interconfessionnelle dont le monde a bien besoin en ce moment.
Au lendemain des attentats du Bataclan, beaucoup avaient scandé ’’ Je suis Paris ’’. C’était un 13 novembre. Le lendemain de cette date anniversaire, il aurait été souhaitable que l’on entonne un ’’ je suis Turkestan ’’.