"Il était une fois en Anatolie" de Nuri Bilge Ceylan, Grand prix dimanche à Cannes, ex-aequo avec les frères Dardenne, est à la fois une longue errance nocturne dans les plateaux d’Anatolie et une galerie de portraits dans cette région austère de la Turquie.
Avec ce sixième film, le cinéaste turc, déja primé deux fois à Cannes, reste fidèle à son cinéma impressionniste et lent et se montre à nouveau un maître de l’image, notamment dans la première partie entièrement tournée de nuit à la lueur de phares de voitures.
Un groupe d’hommes - meurtrier, gendarmes, policiers, procureur, médecin - est à la recherche d’un corps dans la campagne déserte. Le film change ensuite de registre pour suivre de près certains des protagonistes, notamment le médecin venu d’Ankara pour exercer dans cette ville perdue. Une occasion aussi d’aborder les liens sociaux et familiaux confrontés à la modernité.
Nuri Bilge Ceylan, 51 ans, est un habitué du festival où ses films ont été primés à plusieurs reprises. En 2003, son film "Uzak" ("Lointain") obtient le Grand Prix et un double prix d’interprétation masculine 2003. Cinq ans plus tard, "Les Trois Singes" obtient le Prix de la mise en scène.
Le cinéaste a également siégé comme juré en 2009, sous la présidence d’Isabelle Huppert.
Né en 1959 à Istanbul, cet ingénieur de formation décide rapidement de poursuivre des études de cinéma. Dans ses films, il aime parcourir son pays "beau et incompris", auquel il avait dédié son prix à Cannes en 2008.
Jouant parfois l’acteur, mais aussi le chef-opérateur, il professe régulièrement son admiration pour Bergman, Ozu et Tarkovski, autant d’indices pour appréhender son travail.
"Je ne travaille pas spécifiquement le style, je travaille simplement d’instinct, je ne peux rien y faire", a-t-il expliqué.
Le réalisateur était venu à Cannes dès 1995 avec un court métrage ("Koza"). Avant de réaliser ses deux premiers longs, "Kasaba" en 1998 et "Nuages de mai" en 2000, sélectionné au Festival de Berlin. Ont suivi "Ukak" en 2003, "Les climats" en 2006 et "Les trois singes" en 2008.
AFP