L’enquête de police concernant les tags injurieux, sur les murs d’une école dans la ville de Saint-Chamond, à l’encontre de la communauté arménienne et de l’élue, conseillère municipale, Isabelle Surply n’est pas encore terminée que l’industrie turcophobe fonctionne déjà à plein régime.
Occasion pour nous de mettre en perspective et de montrer les structures du vieux nationalisme français traditionnellement turcophobe avec le néo-nationalisme français dont la turcophobie est beaucoup plus sophistiquée et dangereuse.
Nationalisme traditionnel vs néo-nationalisme occidentaliste
Ainsi, dans le camp de la turcophobie française, la vieille école, représentée pour l’occasion et entre autres par Isabelle Surply et François Rochebloine, dans le vieux style xénophobe, bricole, là où la xénophobie néo-nationaliste d’État, armée de ses médias et sa population organisée, est extrêmement plus sophistiquée et violente.
Dans cette affaire de tags, les nationalistes français vieille école, par l’intermédiaire d’Isabelle Surply et François Rochebloine, ne s’embarrassent pas de détails ni factuels, ni moraux, ainsi :
- Les Loups gris, qui sont la section jeunesse du parti nationaliste MHP, deviennent les représentants d’Erdoğan, le mouvement Milli Görüş, avec qui a rompu en 2002 le parti AKP d’Erdoğan, devient le bras armé d’Erdoğan, sachant que ce mouvement Milli Görüş, représenté actuellement par le Nouveau parti de la prospérité, est dans l’opposition contre l’AKP d’Erdoğan et lui a fait perdre beaucoup de voix aux dernières élections municipales,
Isabelle Surply déclare, par ailleurs, concernant les responsables présumés de ces tags : qu’en plus ils sont Turcs, comme si être Turc était une faute.
Ce qu’il y a d’intéressant avec ces nationalistes français vieille école, c’est qu’ils disent naïvement tout haut ce que les néo-nationalistes français s’échinent à dissimuler derrière des prétextes moralistes hypocritement universaux.
En effet, ce que n’a pas compris le nationalisme français traditionnel, c’est :
- Qu’attaquer directement l’identité des autres en opposition à son identité nationale n’est pas efficace, à l’ère de la morale post-Seconde guerre mondiale, car il permet à ceux qui sont ciblés de passer pour des victimes là où il faut qu’ils soient culpabilisés,
- Par ailleurs, attaquer l’identité des autres à partir de son identité crée des tensions, des divisions communautaires, et représente un risque pour l’unité de l’État,
- Il faut donc, de prime abord, attaquer, accuser, rendre coupables ces autres identités aux noms de principes abstraits et moraux (principes fondés par les Occidentaux en réaction aux crimes qu’ils ont eux-mêmes commis), c’est-à-dire de politiser négativement ces identités, ce qui permet d’impersonnaliser les attaques, de parer aux accusations de racisme et ainsi, seulement, de justifier et d’imposer son identité nationale,
- Mêler les sentiments, la morale culpabilisatrice à la politique, même avec des arguments mensongers, permet, en outre, de mobiliser plus efficacement ses partisans, de fanatiser les débats et de désarmer les oppositions de raison,
- Car évidemment, ces principes, ces valeurs abstraits et moraux, qui devraient être valables pour tout le monde c’est-à-dire n’appartenir à personne, sont appropriés par les Occidentaux et imposés aux autres pour des objectifs politiques de domination morale et d’intérêts géopolitiques, les Occidentaux se gardant de les suivre ou les suivant hypocritement. Ainsi, ces principes et ces valeurs ne sont pas des instruments de paix, mais des armes de guerre qui servent à justifier, en interne, les discriminations ethniques ou religieuses et, en externe, le colonialisme occidental, c’est-à-dire le nationalisme expansionniste de l’Occident sous couvert de valeurs morales universelles,
- Enfin, les nationalistes français vieille école sont dans une optique politique défensive et isolationniste, contrairement aux néo-nationalistes français qui sont offensifs, dans un processus de contrôle sociétal et de domination morale, et sont non-isolationnistes. A savoir qu’il y a, au niveau des États occidentaux, une vaste et puissante collaboration des populations organisées et des États.
Mondialisation et nouvelles formes d’organisation politique
A notre époque, dans des environnements politiques, sociaux et économiques qui se mondialisent, où les intérêts sont parfois contradictoires et conflictuels où les sources d’information et les influences sociales et politiques sont innombrables, il devient difficile de s’y retrouver et de peser en tant que simple individu.
Il y a donc, dans les États occidentaux, des organisations qui se sont formées, des pans entiers de populations qui se sont organisés ou qui ont été organisés selon certaines idéologies, et qui représentent les pouvoirs politique, économique et culturel réels dans ces États.
Ainsi, l’individu démocratique, simple citoyen ayant des droits et des devoirs, qui agit sur l’orientation de l’État par les élections, ne pèse plus beaucoup dans le monde occidental politiquement organisé de la tête aux pieds.
Ce sont ces organisations, antidémocratiques donc et qui, par ailleurs, dissimulent leur existence, qui structurent et mènent réellement la vie politique, culturelle et médiatique au sein de la plupart des États occidentaux.
Une de ces idéologies, autour desquelles s’organisent les populations à travers les États occidentaux, est, du moins en apparence, l’internationalisme.
Ordinairement, ce qui constitue l’idéologie internationaliste est de se structurer, de se regrouper non selon des frontières étatiques, nationales mais des frontières idéologiques et des politiques transnationales.
Or, cette organisation, dont les membres, extrêmement nombreux, structurés et liés à travers les États occidentaux, qui seraient d’idéologie internationaliste, sont également et paradoxalement liés aux pouvoirs étatiques avec lesquels ils collaborent.
Ainsi, soit les États n’existent plus, soit, plus probablement, l’organisation de type internationaliste est le paravent, pour des raisons d’intérêts politiques et géopolitiques, d’un nouveau nationalisme inter-national et Occidental, d’une alliance occidentale qui agit sous fausse bannière idéologique, l’internationalisme donc, afin de pouvoir s’ingérer dans des États tiers et mener des politiques impérialistes.
Internationalistes et civils en apparence, nationalistes et collaborant avec les États en réalité
Dans ce cadre, les populations organisées en Occident, loin d’être civiles et internationalistes, sont d’idéologie néo-nationaliste, occidentaliste et collaborent avec les États occidentaux.
Ces populations organisées collaborent non seulement avec les États occidentaux, de manière à constituer, illégalement, un des pieds du pouvoir étatique, mais collaborent également avec les autres populations organisées occidentales de sorte à constituer un réseau occidental, politique, économique, social et idéologique, avec un degré élevé d’intégration, mais qui dissimulent son organisation, ses alliances et idéologie occidentaliste et ses collaborations avec les États.
C’est ce système civil-étatique, qui dissimule ses structures, qui constitue les réels pouvoirs politique, social, culturel dans le monde occidental. C’est-à-dire que chaque État est structuré selon le modèle qui fait collaborer les civils organisés avec l’État, et l’union des États construit ainsi constitue le système, l’union occidentale.
En politique interne, ce néo-nationalisme français, au sein d’une union occidental, amalgame ainsi l’identité traditionnelle et historique avec une identité moins exclusive et plus actuelle, non pour des questions d’ordre moral, mais d’efficacité politique afin d’assimiler les minorités, et ainsi renforcer l’ordre social.
En politique externe, comme nous l’avons dit, toutes les populations, systémiquement organisées et qui fonctionnent ensemble, ne se contentent pas de contrôler, dominer et mener les politiques internes dans leur État, elles participent également, sous fausse bannière, masquée sous des idéologies internationaliste, universaliste, libérale, etc. aux politiques néo-colonialistes des États Occidentaux.
Ce système néo-colonialiste occidental, qui agit sous faux drapeau idéologique, est masqué derrière des populations dans des États tiers, populations locales qui sont acquises aux intérêts occidentaux et qui sont hostiles à leur État et au peuple qui constitue cet État.
Désormais, ce sont des civils, des parties de population que l’impérialisme occidental organise et utilise comme armes de guerre.
Néo-nationalisme français xénophobe et néo-colonialiste
Ainsi, aussi bien en politique interne, qu’en politique externe le nationalisme français traditionnel est très en deçà de ce néo-nationalisme, infiniment plus organisé et plus sophistiqué politiquement, ce premier devenant, par conséquent, gênant et nuisible pour le néo-nationalisme français.
En effet, ce nationalisme français traditionnel, du fait de sa constitution, est un obstacle à l’appropriation des valeurs universelles, des travestissements et des utilisations frauduleuses et illégitimes de ces valeurs pour des objectifs de domination, d’intérêts nationaux et occidentaux, et donc était cible, jusqu’à récemment, d’ostracisme dans les champs politique et médiatique français.
Néanmoins, il ne faut pas être éminent prospectiviste pour voir que ce nationalisme classique sera intégré dans ce néo-nationalisme occidentaliste, lorsque ce premier aura accepté, d’une part, que le patriotisme français peut être porté par les minorités assimilés, et, d’autre part, de participer aux projets néo-colonialistes français et occidentaux actuels, c’est-à-dire d’accepter l’alliance occidentale comme superstructure.
Utilisation de principes moraux pour des politiques d’asservissement et de destruction
Ainsi, le monde occidental démocratique, égalitaire, individualiste, laïc, anticolonialiste n’a plus cours, n’existe plus qu’en apparence et nous voyons toute l’imposture criminelle des États occidentaux lorsqu’ils exploitent ces principes afin de menacer et d’agresser les autres peuples et États.
Sur le plan géopolitique, nous revenons à une époque de domination xénophobe, voire raciale où les Occidentaux considéraient les autres peuples comme non égaux à l’Occident, des peuples inférieurs qu’ils se croyaient en droit de dominer, d’asservir, d’opprimer, voire d’exterminer.
Hier, cette domination morale, qui servait à justifier la domination politique, s’appelait civilisation.
Ainsi, en 1885, Jules Ferry, Premier ministre français déclarait à l’Assemblée nationale française : nous les races supérieures avons le droit de civiliser les races inférieures.
Ces déclarations de Ferry et de l’État français ont été utilisées pour justifier la colonisation de l’Afrique et d’autres parties du monde par les puissances européennes, colonisation qui a eu des impacts dévastateurs sur les populations autochtones.
Aujourd’hui, l’impérialisme et le colonialisme occidentaux passent par d’autres prétextes moraux, qui s’appellent droit-de-l’hommisme, universalisme, humanisme ou internationalisme et qui servent, non d’objectifs communs, mais d’instruments de domination afin d’établir une supériorité existentielle usurpatoire sur les autres peuples et, ainsi, une légitimation des violences politiques et des guerres d’intérêts.
Les violences occidentales sont d’autant plus funestes contre les peuples ciblés qu’elles s’approprient, instrumentalisent et utilisent frauduleusement des principes moraux positifs afin d’asservir et d’agresser les autres peuples pour leurs intérêts économiques et géopolitiques.
Nous sommes à une époque où une machine de guerre funeste est en route et le masque droits-de-l’hommiste de l’Occident craque sous les coups de boutoir des crimes et mensonges occidentaux contre les autres peuples et on voit réapparaître son visage criminel colonialiste qui considère ces autres peuples comme des sous-hommes.
Les pays et peuples pris pour cibles par le système occidental néo-colonialiste (coopération des populations organisées et des États au sein d’une union des États occidentaux), qui dissimule ses alliances et son idéologie, doivent comprendre que le nationalisme vieille école n’est que l’épouvantail d’un système qui est faussement humaniste, universaliste, car ni les principes humanistes, ni le droit international ne leur seront d’aucun secours s’ils sont attaqués par ce système occidental et ses collabos dans les États ciblés.