Manifestations en Turquie pour un enseignement laïc

En Turquie, dans plusieurs villes du pays, d’importantes manifestations pour réclamer une éducation publique laïque. Les manifestants, pour beaucoup membres des minorités alévies et chrétiennes, s’opposent à une islamisation larvée du système éducatif turc.

La police a sorti les autopompes contre la foule majoritairement composée de parents d’élèves. La raison de la colère de ces derniers : les cours de religion musulmane sunnite imposés dans l’enseignement public.

En Turquie, 20% des 77 millions d’habitants sont de confession alévie, une variante progressiste de l’Islam. Encore plus minoritaires : les chrétiens. Par exemple, Ahmet Guvener, ce pasteur qui a mis ses enfants dans l’enseignement public. Ils en ont souffert : "J’ai traversé toute cette opposition pendant toute la scolarité de mes enfants. Les deux premiers, ça a été, le troisième a été sérieusement perturbé psychologiquement".

Les manifestants accusent le gouvernement du président Erdogan d’islamiser en douce la société turque. De nombreux établissements publics se sont récemment transformés en écoles confessionnelles. Un choix critiqué par Kamuran Karaca, président d’un syndicat de l’enseignement, participant aux manifestations de ce vendredi : "En injectant la religion dans l’éducation, l’AKP, le parti au pouvoir, tente de créer un modèle de société conforme à ses propres tendances philosophiques. Nous ne voulons pas que nos enfants et notre pays soient modelés dans leur mentalité par un pouvoir politique".

Le gouvernement se défend en disant vouloir instaurer le choix d’opter pour une éducation religieuse à la carte. Une thèse que contestent les nombreux manifestants descendus dans les rues d’Istanbul, de Diyarbakir, d’Ankara ou d’Izmir. Ils demandent, au nom de la protection des minorités, la laïcité de tous les services publics. Depuis 2003 et l’accession au pouvoir du président Erdogan, le port du voile islamique a été autorisé dans les universités, les lycées et la fonction publique. La vente et la consommation d’alcool ont eux été sévèrement encadrés.

Source : RTBF.be