Les sagas historiques ou romantiques marquent un retour de l’influence ottomane dans les confins de l’ancien empire.

Rejeton d’une famille de l’intelligentsia ex-yougoslave, Sonia n’en revient toujours pas : même sa mère, âgée de 84 ans, a succombé au charme des séries à l’eau de rose turques qui, en dix ans, ont damé le pion aux telenovelas dans les Balkans. « Depuis Belgrade, elle passe des heures au téléphone avec sa sœur de Zagreb pour discuter des derniers rebondissements du Siècle magnifique », s’agace-t-elle.

Ce feuilleton relatant la jeunesse de Soliman le Magnifique (1494-1566) n’est que le dernier des blockbusters venus des rives du Bosphore. Les cœurs de millions de ménagères balkaniques battent au rythme de sagas télévisuelles turques telles que Feuilles d’automne, Cendres de roses ou Argent… « Les films turcs ravivent des sentiments qui s’étaient un peu perdus ces dernières années dans notre société », analyse l’écrivain grec Nikos Heiladakis. « Avec eux refluent les souvenirs d’une époque révolue où les traditions étaient une contrainte mais donnaient aussi un sens à notre vie », poursuit l’essayiste bulgare Radko Paunov.

Dans des pays qui faisaient partie de l’Empire ottoman, ce succès ne fait pas que des heureux. Des historiens serbes se sont insurgés contre la vision « idyllique et tronquée » que Le Siècle magnifique donne d’une époque encore évoquée comme le « joug turc » dans les Balkans.

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