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lundi 25 septembre 2023

Les religions en Turquie

Publié le | par Sophie C. | Nombre de visite 2643

La Turquie actuelle est l’héritière du système institutionnel imposé en 1923 par Mustafa Kemal (Atatürk) qui s’inspira alors largement des systèmes étatiques européens. La Constitution définit toujours le pays des Turcs comme « un Etat de droit démocratique, laïc et social, respectueux des droits de l’homme  » (art. 2) et déclare que «  tous les individus sont égaux devant la loi sans distinction de langue, de race, de couleur, de sexe, d’opinion politique, de croyance philosophique, de religion ou de secte. » (art. 10), précisant également que « chacun possède la liberté de conscience, de croyance et de convictions religieuses  » (art. 24).

Situation juridique des chrétiens

Du point de vue institutionnel, les chrétiens se répartissent en deux catégories.

1 - Les communautés reconnues par le traité de Lausanne du 24 juillet 1923. Ce document, acte de naissance international de la Turquie moderne, comporte des dispositions juridiques relatives aux droits des minorités qualifiées de « protégées », c’est-à-dire, outre la communauté juive, les Eglises grecque-orthodoxe et arménienne. Non seulement l’égalité de leurs membres avec les autres «  habitants de la Turquie  » est affirmée (art. 38), mais des droits civils, politiques et culturels leur sont garantis. Ainsi, le traité stipule que « des différences de religion, de foi ou de confession ne seront pas un préjudice pour tout national turc, que ce soit dans les affaires se rapportant aux droits civils ou fonctions et honneurs, ou l’exercice de professions ou industries » (art. 39 § 3). Il énonce que « tous les nationaux turcs appartenant à des minorités non musulmanes jouiront des mêmes traitements et de la même sécurité devant la loi et dans les faits que les autres nationaux turcs  » (art. 40).

La Turquie est le seul Etat du continent européen, avec la France et le Portugal, a être officiellement laïc.

Depuis les années 30, il n’y a plus de religion officielle en Turquie, même si les pratiques religieuses des différents groupes, sont encore très présentes dans la vie quotidienne.

Depuis 1965, il n’y a plus de statistiques ethnico-religieuses dans le pays et toutes les estimations (y compris des instances internationales) n’ont aucune base solide et fiable.

Les estimations ci-dessous sont donc, elles aussi, très approximatives, mais cependant plus proches de la réalité que celles qu’ont peut lire dans les guides touristiques basiques ou sur le Net, en général.

En ce qui concerne les pratiquants, ils sont plus nombreux sur les côtes de la mer Noire et à l’intérieur du pays que sur les côtes méditerranéennes ou dans les grandes villes.

L’islam, avec toutes ses branches, est la religion nettement dominante et on peut estimer à près de 65 % la population qui s’en réclame, sans pour autant avoir des chiffres fiables. Bien qu’ayant des racines chiites, les alévis forment un groupe religieux bien à part et représentent, aux bas mots, 25 % des Turcs.

La population chrétienne, majoritaire sous l’Empire, a fortement diminué dès 1923, puis à Istanbul, entre 1955 et 1980. Sa courbe se redresse depuis quelques années, mais n’atteint pas 10 % des Turcs. C’est dans l’est du pays et les centres urbains, que vivent la plupart des chrétiens d’Orient (jacobites, chaldéens, melkites, maronites, nestoriens), mais la plus grande communauté est sans conteste arménienne grégorienne. Les orthodoxes byzantins (Romains, dits Grecs) sont encore présents à Istanbul et sur les îles des mers de Marmara et de l’Egée. Dans la province d’Antioche, on trouve aussi des Arabes dépendants du patriarcat constantinopolitain. Les orthodoxes des églises autocéphales (Turcs, Serbes, Macédoniens, Russes, Albanais, Bulgares, Géorgiens) se trouvent plutôt dans les villes, tandis que les Molokans sont eux, dans le Caucase turc. Les Eglises occidentales sont représentées dans tout le pays (catholiques, protestants), mais ne prennent qu’un faible pourcentage sur la population totale de Turquie. Les juifs ne sont présents que dans les villes (Istanbul, Brousse, Ankara, Çanakkale, Edirne, Antioche, Izmir). Ils sont généralement séfarades, sauf quelques minorités ashkénazes, karaïtes et marranes.

Toutes ces communautés sont représentées à Istanbul, capitale de plusieurs empires, carrefour des peuples et de deux continents.

Cependant, si la religion donne une identité culturelle, elle ne marque pas fondamentalement la vie de cet état laïc. Tout fonctionne comme dans n’importe quel autre pays européen (calendrier, repos hebdomadaire, interdiction du foulard islamique dans les écoles, etc.) Même si la culture de base change profondément de l’Europe occidentale, elle est commune à n’importe quelle religion pratiquée en Turquie, même à ceux qui n’en ont pas.

Sources : http://www.istanbulguide.net/istguide/people/religions/