Le réalisateur Semih Kaplanoglu est l’un des plus talentueux metteurs en scène de Turquie. Par son travail, le cinéaste a su apporté, ces dix dernières années, au cinéma turc un nouveau souffle artistique, confirmé par le succès de ses films, plusieurs fois primés.

Kaplanoglu, le réalisateur qui perçoit le cinéma comme « une façon de montrer aux gens ce qu’est la réalité » interpelle son audience à travers des films emprunts de « réalisme spirituel ». Ce style cinématographique, dont il est à l’origine, lui permet de « refléter la réalité sous une lumière différente. » Son dernier film, primé à Berlin, Bal (Miel), actuellement en lice pour les oscars, a été réalisé dans ce style particulier. « Grâce à ce style, je pense que les réalisateurs turcs pourront établir un langage cinématographique qui leur permettra de se référer facilement et librement à nos racines, et de faire le lien entre les réalités du présent et celles du passé » a déclaré Kaplanoglu, déjà plusieurs fois primé à travers le monde.

Mais Kaplanoglu insiste sur le fait que le réalisme spirituel n’est pas un mouvement cinématographique. « Je le vois plutôt comme un chemin à prendre. Et je crois que les réalisateurs doivent continuer à établir ce type de langage. » Le cinéaste, récompensé pour ses films Yumurta (Œuf) et Süt (Lait), premiers opus d’une trilogie achevé par Bal, raconte la génèse de cette série dans un coffret spécial de trois DVD et dans un livre, intitulé Yusuf’un Rüyası(le Rêve de Joseph), sortis en décembre 2010 et publié par Timas. On trouve dans ce livre une interview biographique de Kaplanoglu, réalisée par le critique de films, Uygar Sirin, dans laquelle le metteur en scène raconte sa vie, sa conception du cinéma et les cinq années durant lesquelles il s’est consacré à cette œuvre. Le film Bal a été sélectionné dans la catégorie du meilleur film étranger pour la cérémonie américaine des Oscars qui aura lieu le 25 janvier.

Nous rappeler la réalité

Kaplanoglu soutient que « la raison pour laquelle les gens sont dépassés par les problèmes actuels c’est qu’ils ne sont plus capables de comprendre la réalité. » « L’art et les films peuvent nous rappeler la réalité à laquelle nous appartenons, c’est pourquoi j’essaye d’inclure des anecdotes qui font allusion à des concepts religieux dans mes films » déclare-t-il. Le réalisateur explique ainsi que la première scène du film où Yusuf, le personnage principal de la trilogie, tombe dans un puits, est en fait une allusion au prophète Joseph dans une des sourates du Coran. Pour Kaplanoglu, la foi et le réalisme se confondent, conformément à ce qu’il aime à répéter : « La réalité est quelque chose qui est directement liée à Dieu. »

Sertaç Dalgalidere İstanbul pour Zaman