Le Premier Ministre turc : ’Voulez-vous que nous devenions une autre Grèce ?’
La semaine dernière, Ankara a décidé d’augmenter le prix des cigarettes de plus d’un tiers, celui des voitures de luxe de 25%, et les taxes sur l’alcool et les téléphones portables ont également été revues à la hausse. « Ce pays rencontre actuellement un problème de déficit », a expliqué Recep Tayyip Erdogan, le Premier Ministre, pour justifier ses décisions. « Nous devons faire attention. Voulez-vous que nous devenions une autre Grèce ? » Et pour ceux que les augmentations de ces taxes incommodent, il suggère de cesser de fumer, de boire moins, et de conduire des Fiat, plutôt que des Porsche…
La mesure vise à ramener 5 milliards de livres turques (2 milliards d’euros) dans les caisses de l’Etat. En raison d’une énorme économie souterraine, la collecte des impôts directs ne suffit pas pour enrayer la progression du déficit, et les impôts indirects, qui fournissent plus de la moitié des recettes d’impôts, sont devenus cruciaux. Le Fonds Monétaire International avait déjà voulu évoquer cette faiblesse de la fiscalité turque dans un rapport qui avait été bloqué par les autorités turques. Il rappelait que le budget du pays dépend trop largement de la consommation des ménages et pourrait être facilement mis en difficulté en cas de crise économique, si les familles décident de freiner leurs dépenses.
Erdogan admet que les avantages de l’économie turque s’effritent, mais clame que le pays se porte bien. Les données économiques lui donnent entièrement raison : la dette extérieure s’est réduite de près de moitié entre 2001 et 2011, et elle ne représente plus que 40% du PIB ; l’inflation a été maitrisée pour revenir à un niveau de 5 à 6%. La Turquie est devenue la 17ème économie du monde, et elle jouit de taux de croissance qui font rêver les politiciens européens (11% au premier trimestre de cette année, et une moyenne estimée de 6,7% pour la prochaine décennie). Mais le pays est très dépendant de son commerce extérieur, et pourrait pâtir des effets d’une crise économique mondiale.
Source : Express.be