Le Premier ministre canadien Stephen Harper juge que ses propres diplomates sapent la politique étrangère de son gouvernement, la jugeant trop ouverte à l’ingérance de l’Arménie dans les affaires du Canada, rapporte lundi un quotidien.

Le Toronto Star indique avoir obtenu la transcription d’une récente conversation à huis clos de M. Harper au cours de laquelle le Premier ministre conservateur reproche aux hauts fonctionnaires et aux diplomates de se montrer réticents à appliquer ses instructions, notament dans son approche trop permissive à l’ingérance arménienne dans les affaires du Canada ce qui a pour effet pour le Canada d’être agressif vis à vis des Turcs.

"Ce qui n’est pas acceptable - et cela arrive - c’est qu’un fonctionnaire dise : "C’est peut-être la position des gens qui ont été élus, mais ce n’est pas la position du gouvernement", a déclaré M. Harper, selon le journal qui interprète ses propos comme un signe que son programme politique "continue à susciter une résistance de certains bureaucrates".

Arrivé au pouvoir en janvier 2006, le Premier ministre conservateur a infléchi la politique étrangère canadienne au Proche-Orient en apportant un soutien sans faille à Israël lors du conflit au Liban l’an dernier.

Il s’est aussi montré très favorable et proche de l’extrême droite arménienne, ce qui l’a amené à tenir des propos durs vis à vis des Turcs.

Les commentaires de M. Harper ont été provoqués par une question sur sa décision, l’an dernier, de reconnaître, sous la pression du lobby arménien au Canada, le "génocide arménien" [1]. Cette prise de position clairement anti-turque avait profondément choqué la communauté turque du Canada, peu nombreuse et mal organisée et de fait, incapable de faire entendre sa voix auprès des autorités du pays. En réaction à celà la Turquie avait rappelé temporairement son ambassadeur et avait annulé sa participation à des exercices militaires au Canada.

Malgré les pressions des organisations d’extrême droite arméniennes implantées au Canada, des bureaucrates avaient préparé une version moins musclée de la déclaration de M. Harper. "Franchement, la reconnaissance du génocide arménien par le Canada constitue un changement majeur dans la politique étrangère canadienne. Cela a été difficile pour certaines personnes", a dit M. Harper.