Malgré l’ouverture, en octobre 2005, des négociations d’adhésion à l’Union Européenne avec la Turquie, le processus est de plus en plus confus. En effet on ne sait plus, en fin de compte, à quoi sert de négocier, lorsque les deux principaux pays de l’UE, l’Allemagne et la France, sont fermement opposés à une adhésion turque.

L’actuel Président français Nicolas Sarkozy avait même fait de cette opposition une promesse électorale, affirmant que s’il était élu il arrêterait les négociations avec la Turquie - proposant à la place un « partenariat privilégié » ou une fictive « union méditerranéenne » [1].

Depuis, Nicolas Sarkozy, sous la pression de responsables européens qui soulignaient les effets néfastes d’un rejet pur et simple de la Turquie, a mis un peu d’eau dans son vin. Il a ainsi admis la poursuite des pourparlers, tout en excluant l’ouverture des chapitres les plus importants de la négociation qui impliquent automatiquement l’adhésion, comme l’entrée dans la zone euro. Par ailleurs, il s’est dit prêt à amender la Constitution française afin de supprimer le passage par un referendum des nouveaux pays candidats, et donc en particulier de la Turquie.

En contrepartie de ces « efforts », et parce qu’il est en passe de sortir l’UE de l’impasse politique avec le « Traité simplifié », le Président français a voulu et obtenu la constitution d’un « groupe de sage », désormais appelé « groupe de réflexion », destiné à réfléchir sur l’avenir de l’UE à l’horizon 2020-2030.

La France souhaite évidemment que, parmi les sujets traités par ce « groupe de réflexion », la question des frontières de l’UE soit abordée, et donc par conséquent le sujet de l’adhésion turque. Or les pays européens favorables à l’adhésion de la Turquie, parmi lesquels le Royaume-Uni ou la Suède, craignent de voir, sous l’influence de Paris, le travail du « groupe » se focaliser sur la seule question turque.

L’objectif du « groupe de réflexion » dont les membres ne sont pas encore fixés, n’est donc pas clair. Le prochain Conseil européen des 12 et 13 décembres devrait apporter des éclaircissements sur ce sujet. Concernant l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, les angoisses qu’elle suscitait peuvent s’apaiser…