[avec Reuters] - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé vendredi les raids aériens israéliens dans la bande de Gaza, y voyant une manoeuvre de politique intérieure avant les élections législatives de janvier dans l’Etat hébreu. Il a précisé qu’il évoquerait la crise actuelle avec le président égyptien Mohamed Morsi ce week-end au Caire.
Le Premier ministre turc a ajouté qu’il aurait également dans la journée une conversation téléphonique avec le président américain Barack Obama. Ankara, a-t-il poursuivi, voudrait aussi contacter le président russe Vladimir Poutine, face à l’éventualité d’une offensive terrestre de Tsahal dans la petite enclave côtière palestinienne.
« Les pays qui ont des relations avec les Israéliens doivent leur parler »
Les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils avaient demandé à la Turquie et à l’Egypte d’user de leur influence sur les Palestiniens de Gaza pour faire cesser les tirs de roquettes sur Israël. Mais Recep Tayyip Erdogan a clairement imputé aux Israéliens la responsabilité de l’aggravation de la crise. « Avant les élections (de janvier), les Israéliens tirent sur des gens innocents à Gaza, pour des fausses raisons qu’ils ont eux-mêmes fabriquées », a-t-il dit aux journalistes à Istanbul. « Les puissances dominantes font aujourd’hui payer la population et les combattants de Gaza. La République turque se tient aux côtés de nos frères de Gaza et de leur juste cause. »
Le chef du gouvernement turc espère une initiative du Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin à « l’attitude agressive » d’Israël. « Quant à nous, nous n’avons plus de relations avec Israël. Ce sont les pays qui ont des relations avec les Israéliens qui doivent leur parler », a-t-il dit. Les relations entre Israël et la Turquie, jadis cordiales, se sont fortement dégradées après l’arraisonnement par les forces israéliennes en mai 2010 du navire « Mavi Marmara » qui voulait forcer le blocus de Gaza. L’assaut avait fait neuf morts parmi les militants turcs pro-palestiniens.