Trois questions à Stanislas Pierret, commissaire pour la France de la Saison de la Turquie en France.
"La Turquie de la diversité", entretien avec Stanislas Pierret
Nous en sommes à peu près au mitan de la Saison de la Turquie en France, qui doit s’achever en mars 2010. Quel bilan tirez-vous de la première partie de cette grande fête de l’amitié franco-turque ?
Je pense pouvoir vous dire que c’est une totale réussite car la Saison connait un franc succès auprès du public et est couverte par tous les médias. Les événements très populaires de lancement (concert d’ouverture au Trocadéro, la Turquie invité d’honneur de la fête nationale à Nantes, le Café turc aux Tuileries, la Technoparade) ont fait place à des grandes manifestations patrimoniales sur l’ensemble du territoire et ont permis aux Français de mieux connaitre l’histoire très riche de ce grand pays avec lequel nous entretenons des relations très proches depuis plus de cinq siècles. Aux côtés de l’exposition "De Byzance à Istanbul" (Galeries nationales du Grand Palais) qui a attiré en un mois plus de 100 000 visiteurs et de celles au Louvre, de nombreuses expositions à Valenciennes, Martigues, Bordeaux, Strasbourg, etc., permettent à tous les publics de mieux appréhender la richesse du patrimoine turc, la culture turque profondément ancrée dans la culture européenne et la richesse de nos relations bilatérales.
La création contemporaine n’est pas en reste puisque de nombreux créateurs turcs (écrivains, cinéastes, plasticiens, designers, dramaturges et acteurs) sont invités par une centaine de collectivités locales.
Dans le domaine de la formation, la Turquie a été l’invitée d’honneur du salon de l’éducation qui a drainé 400 000 visiteurs. De nombreux recteurs d’universités se sont déplacés à cette occasion pour nouer de nouvelles coopérations avec la France . Des rencontres économiques ont eu lieu en marge de la visite du Président turc en France en octobre dernier. Le débat d’idées fut également très présent grâce au partenariat noué avec l’Université de tous les savoirs.
Cette Saison couvre donc tous les aspects de la coopération et est présente partout en France. De nombreuses initiatives locales et issues de la société civile souhaitent se greffer sur la Saison. C’est la meilleure preuve de sa réussite. Par ailleurs, les sceptiques au début de la Saison se sont ralliés et volent aujourd’hui au secours de la victoire ! Côté médias, c’est le même succès et de nombreux journaux aux sensibilités très différentes relatent et commentent les événements de la Saison !
Avec des manifestations comme l’exposition de photographies Ebru, "La Splendeur des Camondo" au Musée d’art et d’histoire du judaïsme ou les concerts du groupe kurdophone Gevende, la Saison de la Turquie montre les multiples visages d’un pays éminemment divers. Les Turcs nous inciteraient-ils à décliner notre identité nationale au pluriel ?
Nous avons souhaité, le commissaire pour la Turquie Görgün Taner et moi-même, que cette Saison soit une Saison de la Turquie en France et non pas une saison turque. Elle exalte effectivement toutes les cultures qui ont façonné et qui continuent à enrichir la culture turque. L’exposition Camondo illustre la dimension juive. La dimension kurde y est présente à travers de nombreux musiciens, mais aussi à travers le romancier Yasar Kemal même s’il n’écrit pas en kurde mais en turc. La dimension arménienne existe, elle, à travers la danse, la musique et la figure emblématique d’Ara Güler. Nous avons souhaité valoriser la mosaîque des cultures que représente la Turquie d’aujourd’hui à l’instar de la très belle exposition de photographies "Ebru" réalisée par Attila Durak. Il y a bien sûr une culture dominante en Turquie, comme en France du reste, mais la Turquie fait de gros efforts pour donner plus de droits aux cultures minoritaires. Depuis quelques années , La Turquie s’ouvre à la Culture kurde. Il existe aujourd’hui un chaine de télévison en langue kurde et la signalétique de la ville de Diyarbakir existe en langue turque et en langue kurde !
Il reste encore quatre mois jusqu’à la fin mars 2010. Quelles sont les autres surprises à venir dans cette Saison de la Turquie ?
De nombreux événements pluridisciplinaires auront lieu en régions, notamment à Strasbourg avec le festival Strasbourg Méditerranée, à Rouen et dans beaucoup de villes plus petites ! La clôture de La Saison se fera avec l’ouverture de la grande exposition à Beaubourg de Sarkis, grand artiste turco-français d’origine arménienne. Tout un symbole au moment où la Turquie et l’Arménie viennent de signer le protocole de Zurich et s’apprêtent à ouvrir des relations diplomatiques.
Source "Saison de la Turquie"