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La lourde implication du PKK dans le trafic de drogue "turc" en Europe
Nathalie Cettina, Terrorisme : l’histoire de sa mondialisation, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 268-270 :
"Au tournant des années 80, la Turquie devient la scène d’une recrudescence de l’industrie de l’héroïne, par le biais des activistes Kurdes. Si des organisations criminelles dominent le marché, des rapports officiels turcs mettent en valeur les liens forts entre les trafiquants et les séparatistes kurdes, actifs dans le domaine du terrorisme et auxquels un tel trafic fournit les fonds nécessaires à l’acquisition d’armes. Comme pour l’ASALA, la dispersion des membres du PKK en Occident donne à ce trafic une ampleur internationale, permettant à l’organisation kurde de tirer les avantages d’un tel commerce mené à l’échelle des pays industrialisés. La liaison entre le PKK et le trafic de drogue n’est pas seulement occasionnelle mais ressort d’une stratégie bien structurée et reconnue. Le ministère de la Justice comme le Département d’Etat américains se prononcent en 1995-1996 en ce sens : le PKK en tant qu’organisation terroriste « produit et trafique de l’héroïne pour financer l’insurrection qu’elle mène contre le gouvernement turc ».
On se trouve ici en présence d’un narco-terrorisme dans lequel l’organisation achemine une substance illicite entre le lieu de production qui est extérieur (essentiellement le « triangle d’or ») et les lieux de consommation des grands pôles occidentaux. L’année 1996 marque un tournant important dans l’implication du PKK : la relation entre le trafic de drogue et les militants de l’organisation est établie officiellement. Antérieurement des infractions dérivées, comme le racket et la possession d’armes à feu, avaient été sanctionnées en Grande-Bretagne, mais n’étaient pas établies en France, en dépit de fortes présomptions. Dorénavant, des ramifications sont observées à l’échelon financier : le PKK manipule de gros comptes en banque. Ses réseaux de trafic de drogue s’activent à travers l’Europe : Espagne, Italie, Yougoslavie, Suisse. Au cours de ces dernières années, les arrestations de dealers militants se multiplient. C’est en Allemagne, compte tenu de la forte présence kurde, que ce narco-trafic se développe le plus. Le PKK se livre à un usage mercantile des enfants : utilisation de mineurs (11-13 ans) pour assurer le commerce de stupéfiants dans la rue ; enlèvement d’enfants en Allemagne pour leur faire subir, en Belgique notamment, un endoctrinement terroriste, enfants utilisés par la suite comme instrument de propagande de l’organisation.
Le caractère transnational de ce trafic se trouve en étroite corrélation avec la transnationalité des opérations terroristes du PKK qui utilise les réseaux répartis en Europe pour l’écoulement des stupéfiants comme pour le soutien apporté aux terroristes ou encore pour le financement par des trafics divers de la lutte nationaliste kurde."