[Sipa] - L’OTAN s’est dit prête mardi à défendre la Turquie dans la crise qui l’oppose à la Syrie à sa frontière, dans le sud-est du pays, tandis qu’Ankara envoyait des avions supplémentaires vers l’une de ses bases proche de cette zone de tension.

Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a précisé à Bruxelles qu’Ankara pouvait compter sur l’Alliance Atlantique, qui a "tous les plans nécessaires en place pour protéger et défendre la Turquie si nécessaire". Mais il a appelé toutes les parties impliquées à faire preuve de retenue et à éviter l’escalade dans le conflit.

La Turquie, membre de l’OTAN, et la Syrie échangent des tirs depuis le 3 octobre, après le bombardement syrien qui a tué cinq civils dans un village turc. Le Parlement d’Ankara a autorisé les opérations militaires en territoire syrien le lendemain mais le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a assuré que son pays ne voulait pas la guerre avec son voisin.

Dans un discours aux parlementaires de la majorité, le Premier ministre turc a rappelé qu’Ankara continuerait à répliquer aux attaques syriennes. "Nous nous opposerons à tous les types de menaces contre le territoire turc et le peuple turc", a-t-il déclaré, ajoutant : "Nous ne cesserons jamais de répliquer."

"L’escalade du conflit le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie et les répercussions que la crise a sur le Liban et les autres voisins de la Syrie sont extrêmement dangereux", a jugé mardi le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président français François Hollande, à Paris.

"Une catastrophe nationale qui a des ramifications mondiales", a-t-il ajouté à l’issue de l’entretien à l’Elysée, appelant les belligérants à "faire preuve de la plus grande retenue" et à trouver "une solution politique, c’est la seule issue possible à la crise".

Des spécialistes soupçonnent la Syrie de participer intentionnellement à cette escalade pour faire savoir à la Turquie qu’elle paiera cher tout soutien aux opposants au régime de Bachar el-Assad, et décourager toute intervention militaire étrangère en Syrie.

"Ce n’est pas un accident. Vous ne pouvez pas envoyer des obus par erreur cinq jours d’affilée", a affirmé Mustafa Alani, expert du Moyen-Orient au Centre de recherches sur le Golfe (Gulf Research Center) à Genève.

"La Syrie sait que la Turquie ne peut pas aller plus loin", analyse Ali Tekin, professeur-assistant de relations internationales à l’université Bilkent à Ankara, ajoutant : "Le peuple turc ne veut pas de guerre et il n’y a aucun intérêt national qui légitime une guerre."

Lundi en fin de journée, au moins 25 avions de combat F-16 turcs ont été déplacés vers la base aérienne de Diyarbakir, a annoncé l’agence de presse Dogan. Mardi, le chef d’état-major des armées turques a passé en revue les troupes postées le long de la frontière avec la Syrie.

L’opposition syrienne estime que plus de 32.000 personnes sont mortes depuis le début du soulèvement initialement pacifique contre le régime Assad en mars 2011. La Turquie accueille des opposants syriens et plus de 90.000 réfugiés dans des camps le long de la frontière. Plus de 3.000 déserteurs de l’armée et de la police syrienne sont abrités dans un site secret du désert de Jordanie. L’opposition a fait état de sept nouvelles défections mardi, au sein de la minorité alaouite au pouvoir à Damas. La plupart des défections viennent de la majorité sunnite, la plus présente dans les rangs de la rébellion. Les autorités jordaniennes se sont refusées à tout commentaire.