« Tout ce que je fais est influencé par mon enfance, ma vie à Istanbul, où se rencontrent l’Orient et l’Occident », explique à l’AFP Erkan Coruh, un jeune styliste turc qui présente mardi sa première collection à l’issue de la semaine de la mode femme à Milan.

Lumière de Dieu

« Mon inspiration vient aussi de Dieu et j’essaye de refléter cette lumière dans mes créations. Comme Le Caravage, je veux peindre le tableau d’un monde sombre, mais avec une lumière venant d’au-dessus », confie le styliste de 34 ans en procédant aux derniers essayages dans un entrepôt de la périphérie de la capitale lombarde.

Penché sur sa table de travail, Erkan Coruh a tissé de vrais cheveux dans de minuscules boutons pour les vestes et robes auxquelles il met une dernière touche.

« J’utilise toujours des cheveux dans mes modèles, insérés dans des boutons ou alors le long des ourlets des robes. Cela représente l’esprit de la femme guerrière, les femmes qui ont protégé mon parcours jusqu’ici », dit-il.

Nouveau venu

Né et élevé à Istanbul, Erkan Coruh est l’un des nouveaux stylistes choisi cette année pour présenter ses collections à Milan dans le cadre d’un projet destiné à mettre en avant les meilleurs nouveaux talents.

Le Turc avait déjà beaucoup fait parler de lui en 2010 avec une collection controversée, baptisée « Les hommes et les femmes d’Allah », qui fusionnait la mode occidentale avec la garde-robe musulmane traditionnelle.

« Certains ont détesté mes modèles. J’ai joué sur l’idée que les femmes perdent leurs formes et leur identité sous la burqa et cela a choqué certaines personnes, c’était trop islamique pour eux », raconte-t-il.

Avec en tête l’idée des femmes musulmanes qui vivent en Europe, il a dessiné une veste de style Chanel qui se transforme en burqa. « On ne peut pas interdire purement et simplement la burqa. Pourquoi ne pas trouver de nouvelles manières de la porter, d’exprimer sa culture ? » demande-t-il.

Sa deuxième collection, intitulée « Shirin » et qui a remporté en juin un concours organisé par Vogue Italie, était dédiée à l’artiste iranienne Shirin Neshat et inspirée par des idées sur le contraste entre la vulnérabilité féminine et les femmes guerrières.

« J’appelle cela "élégance traumatique", le concept consistant à prendre des pièces classiques du vestiaire occidental en y ajoutant de nouvelles matières et lignes qui saisissent la combativité féminine. Mes muses sont les vraies femmes qui ont des vies difficiles tout en restant élégantes », dit-il.

Après avoir étudié la mode à l’Académie d’Istanbul, Coruh est venu à Milan pour suivre un master et a travaillé pour plusieurs marques italiennes avant de lancer sa propre ligne en 2009.

Commentant son parcours jusqu’ici, le styliste fait part de son enthousiasme : « C’est un âge d’or. Le voyage n’est pas fini bien sûr, mais ce que je vis maintenant, c’est une victoire ».

"Sources : http://fr.canoe.ca/artdevivre/mode/article1/2011/03/02/17464206-relaxnews.html"