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Costas Caramanlis, premier chef du gouvernement grec à se rendre en visite officielle en Turquie depuis près de 50 ans, a dit jeudi que les deux pays devaient travailler ensemble à mettre un terme à la partition de Chypre.
Chypre est divisée depuis 1974, date de l’intervention de l’armée turque dans le nord de l’île en réponse à un coup d’Etat d’ultranationalistes chypriotes grecs, soutenus par la dictature des Colonels à Athènes, visant à rattacher de force l’île à la Grèce. Ce putsch avait également pour objectif la destruction de la minorité turque.
L’intervention militaire turque qui visait à protéger la population turque s’est soldée par la division de l’île en deux entitée politiques, une administration grecque au sud et la République Turque de Chypre du Nord (RTCN).
"Le temps est venu de faire tomber le dernier mur d’Europe, celui de Nicosie", a déclaré Caramanlis au cours d’un discours à l’université d’Ankara. "La Grèce et la Turquie devraient travailler avec la population de Chypre pour restaurer son indépendance, sa souveraineté et son unité".
Un projet de paix de l’ONU a été massivement adopté par les Chypriotes-turcs, mais rejeté par les Chypriotes-grecs en 2004 en partie influencés par des campagnes ulrta-nationalistes menées en Grèce pour empêcher cette réunification.
De ce fait, seule la moitié sud (grecque) de Chypre est entrée dans l’UE, la "République de Chypre" (sous contrôle grec) étant la seule reconnue par la communauté internationale, tandis que la RTCN (république turque de Chypre-Nord), sous la pression de l’administration chypriote grecque et du gouvernement d’Athènes, continue de subir un embargo agressif et se trouve isolée économiquement et politiquement.
Face au soutien massif de la population chypriote turque au referendum pour la réunification, l’Union Européenne s’était engagée à mettre un terme à l’isolement des Chypriotes turcs, mais elle se heurte depuis au blocage systématique de la partie grecque.
"Nous sommes prêts à contribuer à cet effort pour que tous les citoyens de Chypre soient en mesure de profiter des avantages de l’intégration européennes. Le chemin sera long et difficile, mais le coût de ne pas avancer (...) sera immense", a-t-il ajouté.
Caramanlis a également exhorté Ankara à réouverir le séminaire grec-orthodoxe. L’école théologique Halki, sur l’île Heybeliada, près d’Istanbul, a fermé ses portes en 1985. Rencontrant ensuite à Istanbul le patriarche orthodoxe Bartholomée 1er, Caramanlis s’est à nouveau engagé à faire pression sur la Turquie dans cette affaire.
Auparavant, au deuxième jour de cette visite historique, la première d’un chef de gouvernement d’Athènes en Turquie depuis 1959, Caramanlis, en signe de bonne volonté, avait déposé une gerbe sur la tombe de Mustafa Kemal Ataturk, fondateur et premier président de la Turquie moderne et ennemi juré des troupes d’occupation grecques au début du siècle dernier.
Athènes et Ankara, membres de l’OTAN, ont vu leur relations s’améliorer récemment bien que récemment les provocations grecques en mer Egée étaient de nouveau d’actualité. Des bateaux de pêche escortées par les gardes côtes grecs s’aventuraient régulièrement dans les eaux turques.