Grèce : la justice condamne le parti néonazi Aube dorée

Grèce : la justice condamne le parti néonazi Aube dorée
Le parti néonazi a été qualifié d’organisation criminelle mercredi, après cinq ans et demi de procès.
Dans la mythologie grecque, Némésis est considérée comme la déesse de la justice, du châtiment, et la croyance générale lui attribuait la vengeance des crimes.
C’est à Némésis que se sont référés la plupart des avocats de la partie civile, au sortir du tribunal, mercredi après le verdict rendu par la juge Maria Lepenioti, dans le procès contre Aube dorée. De 2012 à 2019, en pleine crise, entre 17 et 21 députés de ce parti néonazi ont siégé à la Vouli (Parlement grec).
Son dirigeant, Nikos Michaloliakos, surnommé le « Petit Führer », négationniste avéré et adepte du salut nazi, ainsi que la plupart de ses membres, ont été condamnés pour participation à une organisation criminelle. La cour pénale d’Athènes a commencé jeudi à délibérer sur les peines qui leur seront infligées. Nikos Michaloliakos et six autres cadres encourent de lourdes peines allant jusqu’à quinze ans de prison.
« Un grand moment de démocratie, une décision historique, le plus long procès antifasciste depuis Nuremberg », a commenté la presse grecque. Le verdict a été accueilli par les cris de joie et les applaudissements des quelque 15.000 personnes réunies devant le tribunal. Les échauffourées, qui ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, n’ont pas réussi à ternir cette décision, saluée également par l’intégralité de la classe politique.
Pas d’inéligibilité
Lors des 400 audiences de ces cinq dernières années, les membres du parti d’Aube dorée devaient répondre de deux tentatives d’homicides, envers des pêcheurs égyptiens et contre des membres d’un syndicat communiste, mais surtout du meurtre de Pavlos Fyssas. Ce militant de gauche et rappeur de 34 ans, a été assassiné un soir de septembre 2013, dans son quartier près du Pirée. Dans son dernier souffle, il a pointé du doigt son assassin, Giorgos Roupakias, membre d’Aube dorée.
Bien avant le verdict, le peuple grec a mis un terme à leur trajectoire politique en les éjectant du Parlement lors des législatives de l’an dernier.
Dimitri Keridis, professeur de relations internationales et député du parti conservateur Nouvelle Démocratie
C’est ainsi que la police a pu identifier le meurtrier, puis démanteler les méthodes d’Aube dorée : sections d’assaut, bataillons armés, ratonnades contre toutes les minorités, dont nombre de réfugiés, homosexuels ou handicapés, et contre des journalistes. Des méthodes largement fascisantes, condamnées par les Grecs. « Bien avant le verdict, le peuple grec a mis un terme à leur trajectoire politique en les éjectant du Parlement lors des législatives de l’an dernier », observe Dimitri Keridis, professeur de relations internationales et député du parti conservateur Nouvelle Démocratie. Magda Fyssas, la mère de la victime, aussi combative que digne, qui n’a pas manqué une seule audience, estime que justice a été rendue à son fils. Le poing levé, elle s’est exclamée : « Pavlos a gagné, nous avons gagné, ils sont condamnés ! »
Seul bémol à ce moment historique, la loi pénale grecque. Modifiée par le gouvernement précédent de gauche radicale (Syriza), elle permet aux condamnés d’Aube dorée de se présenter aux prochaines élections nationales, même depuis leur cellule. « Cette loi permet non seulement de réduire leur peine, mais exige une décision de la Cour de cassation pour ôter leurs droits électoraux. Or il faut compter dix ans pour une telle décision, conclut Dimitri Keridis. Ce qui signifie donc que les membres d’Aube dorée sont potentiellement aptes de se présenter aux élections