La Grèce a protesté vendredi contre un projet turc d’exploration gazière en mer Egée, projet qui affecterait ses droits souverains dans la zone, alors que la tension monte entre la Turquie, Chypre et Israël sur l’exploitation des ressources d’énergie en mer.
Cité par un communiqué, le porte-parole du ministère grec des Affaires Etrangères, Grigoris Delavekouras, a indiqué vendredi qu’une démarche de protestation allait être effectuée par l’ambassade de Grèce à Ankara.
La Grèce demande à la Turquie de s’abstenir de toute activité de recherche qui porte atteinte aux droits souverains grecs dans la région, a précisé M. Delavekouras.
Selon lui, Ankara a annoncé le lancement d’exploration en mer du 15 septembre au 15 novembre, au large de l’île de Kastelorizo, aux confins sud-est de la Grèce, sur une zone qui, selon Athènes, couvre le plateau continental grec.
La Grèce va aussi alerter Oslo et la compagnie armatrice du bateau d’exploration, Bergen Surveyor, qui bat pavillon norvégien.
La tenue d’explorations des fonds égéens oppose régulièrement les deux voisins grec et turc, au vu de leur contentieux sur la délimitation de leurs souverainetés respectives dans la zone.
Le rappel à l’ordre grec intervient alors que la Turquie a de son côté haussé le ton contre des projets d’exploration gazier au large de l’île divisée de Chypre, dont elle contrôle la partie nord. Ankara conteste le droit de la République chypriote, internationalement reconnue, de mener une telle opération tant que l’île n’est pas réunifiée.
La Turquie s’oppose aussi dans ce cadre à un accord entre Chypre et Israël délimitant leurs zones économiques exclusives, alors même que les relations entre Ankara et son ancien allié hébreu sont au bord de la rupture après la meutrière attaque israélienne contre un navire turc en route vers Gaza, en en mai 2010.
l’ONU appelle Chypre et la Turquie au calme
Les Nations unies ont appelé au calme vendredi Chypre et la Turquie, qui se disputent, via la République turque de Chypre du nord (RTCN), des gisements gaziers.
L’ONU appelle toutes les parties à résoudre cette question de manière pacifique et à considérer les bénéfices potentiels qu’une réunification de l’île pourrait apporter, a déclaré la chef de la mission de l’ONU, Lisa Buttenheim après avoir présidé des négociations entre le président de Chypre, Demetris Christofias, et le dirigeant de la RTCN, Dervis Eroglu.
Il devrait être compris que tous les Chypriotes -les Chypriotes-grecs et les Chypriotes-turcs- bénéficieront des ressources naturelles, si elles sont découvertes, dans le cadre d’une Chypre fédérale unifiée, a-t-elle souligné devant les journalistes.
L’ONU craint que cette dispute autour du gaz -qui implique également Israël et la Grèce- rende encore plus difficiles les négociations en vue d’une réunification, dans l’impasse depuis trois ans. Chypre est divisée depuis 1974 en secteurs turc (nord), où sont déployées des troupes turques, et grec (sud).
La RTCN est reconnue par la seule Turquie et la République de Chypre (secteur grec) est internationalement reconnue.
La Turquie a annoncé jeudi qu’elle signerait un accord de délimitation en Méditerranée avec la RTCN si la République de Chypre, qu’elle ne reconnaît pas, mettait en oeuvre ses projets d’exploration de gaz au large de l’île.
Le ministère des Affaires étrangères chypriote a rétorqué que tout accord de ce type serait illégal et en contradiction avec la réglementation internationale, dénonçant un acte provocateur.
La Turquie a appelé Chypre à reporter ses projets d’exploration de gaz, prévus pour début octobre, arguant qu’elle n’a pas le droit de le faire tant que l’île est divisée.
Nicosie affirme que l’exploration de gaz profite à tous les Chypriotes, et a signé avec Israël un accord délimitant les zones économiques exclusives entre les deux pays en Méditerranée, afin de continuer à rechercher des gisements sous-marins sans crainte de conflits d’exploitation.
AFP