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Fin de règne pour Philippe Kaltenbach (président du groupe d'amitié France-Arménie au Sénat)

Publié le | par SibiryaKurdu | Nombre de visite 1494
Fin de règne pour Philippe Kaltenbach (président du groupe d'amitié France-Arménie au Sénat)

[( Photo : Philippe Kaltenbach en compagnie du président arménien, Serge Sarkissian. )]

Municipales à Clamart : fin de règne pour Philippe Kaltenbach

Par Pascale Tournier, publié le 12/11/2013, mis à jour à 00:00

Mis en examen pour corruption passive, Philippe Kaltenbach a décidé de ne pas briquer un nouveau mandat de maire. Un coup d'arrêt net à une carrière menée de main de maître par cet homme ambitieux et habile. Plongée dans un système aussi étrange que délétère.

Les coups, Philippe Kaltenbach n'a cessé d'en donner et d'en recevoir tout au long de sa carrière. Mais la claque qui lui est infligée le 1er août, le sénateur maire (PS) de Clamart s'en souviendra longtemps. Au coeur de l'été, la juge Françoise Méry-Dujardin, du tribunal de grande instance de Nanterre, le met en examen pour corruption passive, dans le cadre de l'affaire des vidéos tournées à son insu par son ex-adjoint Mohamed Abdelouahed, lui-même mis en examen pour corruption active. Le 14 avril 2010, filmé à son insu dans son bureau, le maire aurait accepté une enveloppe d'argent liquide en échange de la promesse de fournir un logement social à une tierce personne. En janvier 2012, ces images compromettantes sont diffusées sur Internet.

En apprenant sa mise en examen, Philippe Kaltenbach comprend qu'une page de sa carrière se tourne. En 2001, il fut le premier élu socialiste à ravir à la droite une ville des Hauts-de-Seine, qu'il a conservée en 2008. Sous le coup d'une procédure judiciaire, le maire de Clamart a choisi de transmettre le flambeau, pour les élections de 2014, à Pierre Ramognino, son adjoint (PS) à la culture, à la vie associative et à la démocratie locale. Dans la pénombre de son bureau, où trône la maquette d'une goélette laissée par son prédécesseur, l'édile ne s'avoue pas totalement vaincu. "Même mis en examen, j'aurais sûrement été élu grâce à mon bilan, lâche-t-il d'une voix tout juste perceptible. Mais je ne veux pas exposer ma famille et transformer la campagne en une séquence caniveau."

Songe-t-il à revenir plus tard, au cas où il serait blanchi de tout soupçon ? "Non, assure-t-il, car la loi sur le non-cumul s'appliquera alors. Mais je serai sur la liste en position éligible." Pour ses adversaires, c'est sûr, Philippe Kaltenbach "voudra continuer à tirer les ficelles", comme l'indique Vanessa Jérôme, patronne locale des écologistes. Jean-Didier Berger, tête de liste UMP pour les municipales, renchérit : "Il veut garder un double des clefs de la maison !"

Pour asseoir son pouvoir, l'édile ne s'est jamais ménagé depuis douze ans. Bosseur et charismatique, pugnace avec ses adversaires, il réveille Clamart. Alors que la ville est partagée à parts équivalentes entre électorats de droite et de gauche, il s'emploie à élargir son socle de soutiens. Et, comme beaucoup d'élus, il cède aux sirènes du clientélisme... Chaque voix compte. Notamment celles de l'importante communauté maghrébine implantée dans le Haut-Clamart. "Je suis au service de tous les Clamartois, quelle que soit leur sensibilité politique", se défend-il.

En 2008, l'arrivée dans l'équipe municipale de Mohamed Abdelouahed, fils du président de l'Association des musulmans de Clamart, s'inscrit dans cette logique. "Il a été élu par l'ensemble des militants de la section [qui, à Clamart, désignent les adjoints]. Je l'ai soutenu pour promouvoir la diversité", conteste Philippe Kaltenbach, rejetant toute idée de communautarisme. Les faits, pourtant, disent le contraire. Ainsi Philippe Kaltenbach n'oublie-t-il pas non plus les Arméniens, très présents à Clamart : jumelage avec la ville d'Artashat, square baptisé en l'honneur de Missak Manouchian... En 2008, il a même envoyé à chacun d'entre eux un courrier rédigé en partie en arménien afin de leur demander leur soutien aux municipales !

Un verrouillage du pouvoir qui passe par la section PS de Clamart

Pour s'attirer les faveurs de l'électorat populaire, il s'appuie aussi sur les services municipaux et les logements sociaux, qu'en maire de gauche convaincu il a développés. Et il veille, bien sûr, à ce que les bénéficiaires de ces prestations lui soient reconnaissants de ce qu'il entreprend pour eux. L'inscription des familles sur les listes électorales est donc surveillée de très près. Même si Philippe Kaltenbach s'en défend vertement, des documents, que L'Express a pu consulter, l'attestent. En 2010, pour sélectionner les dossiers des jeunes Clamartois candidats aux séjours de vacances proposés par la ville, Christophe Jaurrey, le chef de cabinet du maire, demande par e-mail que l'on respecte un quota particulier : les deux tiers des parents des enfants choisis doivent être inscrits sur les listes électorales ! En 2012, Mme F. J., en attente d'un logement social, rappelle son cas à l'adjoint au logement, Georges Kehyayan  : "Vous avez demandé à mon mari de faire sa carte d'électeur sous peine de voir notre demande ne pas être prise en compte par le maire." La pratique est critiquée par des élus de sa majorité municipale. Mais rien n'y fait.

Pour verrouiller son pouvoir, Philippe Kaltenbach use d'un instrument redoutable : la section PS de Clamart. Dotée de 12 adhérents en 1993, elle en compte aujour-d'hui... 426 ! Un record dans les Hauts-de-Seine. Le maire a installé ses fidèles dans ce qui est devenu le coeur du système. Alexis Komlan, salarié de l'office HLM Clamart Habitat, est le secrétaire de section depuis 2011 ; le chef de cabinet, Christophe Jaurrey, en est le trésorier de-puis 2012 ; la femme de Philippe Kaltenbach, Delphine Krust, est entrée dans la commission administrative en 2012.

81 membres de la section sont employés à l'hôtel de ville, soit... près de 20% ! Le maire, lui, juge cette proportion "classique". La consanguinité entre mairie et PS clamartois est d'ailleurs telle que la plupart des assemblées générales se déroulent dans l'imposante salle des commissions de l'hôtel de ville. "Le local du PS est trop petit", rétorque Philippe Kaltenbach, qui a décidément réponse à tout. Plus gênant : il arrive que des frais de la section soient pris en charge par la ville. Trois notes de repas de militants, datées des 14 novembre 2009 (450 euros), 18 novembre 2009 (600 euros) et 24 février 2012 (352 euros) et d'un montant total de 1402€ le démontrent. Pierre Ramognino, alors conseiller délégué à la démocratie locale et secrétaire de la section PS, a signé le bordereau.

Pour garder ses bataillons sous sa coupe, le maire tisse des liens de dépendance

Mal à l'aise à l'énoncé de ces factures troublantes, Philippe Kaltenbach commence par mettre ces affirmations en doute. Puis il reconnaît quelques jours plus tard, après vérifications, une "regrettable erreur". "Dès que la méprise comptable a été détectée par l'adjoint aux finances, Philippe Waldteufel, la section a payé le restaurateur et ce dernier a remboursé la ville", nous précise-t-il par écrit.

Pour conserver ses bataillons sous sa coupe, l'élu tisse des liens de dépendance dans lesquels se mêlent attribution de logements sociaux, de places en crèche, d'emplois à la mairie et adhésion au PS. Mais cette tactique ne fonctionne pas toujours. La conseillère (PS) déléguée à la santé, Claire Roux, s'est vu proposer en 2009 un logement social pour son fils. "J'ai refusé", affirme-t-elle. Idem pour Jean-Luc Py, candidat socialiste malheureux à la primaire pour la tête de liste aux municipales en juin dernier. "On m'a offert une place en crèche pour mes jumeaux alors que je n'avais rien demandé !" Il a, lui aussi, décliné la proposition. Alexis Komlan et le fils de Georges Kehyayan, l'adjoint (sans étiquette) au logement, n'ont pas eu cette pudeur...

Sous couvert de démocratie, le poids de la section permet d'imposer ses choix. Car des pans entiers de la vie municipale y sont traités. "C'est utile pour les campagnes électorales, pour relayer et défendre la politique mené ", reconnaît Philippe Kaltenbach sans fard. Mais, à Clamart, cela va plus loin. Même la désignation des adjoints ou le retrait de leur titre sont soumis au vote des militant ! Matthieu Fayolle, adjoint (PS) à la ­jeunesse et à la sécurité, et sa collègue (PS) à la petite enfance, Juana Altamirano, en savent quelque chose.

Après la diffusion des vidéos compromettantes, au début de 2012, ils espèrent un peu naïvement que le maire démissionne. Certains élus rêvent de remplacer Philippe Kaltenbach par l'adjoint (PS) aux finances, Philippe Waldteufel, qui n'est pas mis au courant. L'information fuite : le maire crie à la trahison. En mars 2013, la section vote le retrait du titre d'adjoint des deux insolents... mais pas les membres du conseil municipal réunis un mois et demi plus tard. Privés de leurs délégations, les deux frondeurs restent donc adjoints. Violent, l'épisode crée un fossé entre le maire et sa majorité. "Depuis, ce n'est plus la même ambiance", observe l'élu communiste Gérard Aubineau, qui approuve le bilan du maire mais déplore la quasi-inexistence de ­réunions du bureau municipal.

A quelques mois du scrutin, la tâche de Pierre Ramognino est immense. En tant qu'ancien secrétaire de section -jusqu'en 2011- et, de facto, acteur du système, il part avec un réel handicap. Défendre le bilan de son prédécesseur ne sera pas suffisant. Saura-t-il s'émanciper de l'ombre tutélaire de Philippe Kaltenbach et rassembler une majorité mal dans sa peau ? "J'ai mon parcours politique pour moi, rappelle-t-il. Et je souhaite travailler avec tous les socialistes." Il le faudra. Sinon, la ville pourrait à nouveau basculer à droite... 

Source : lexpress.fr

Voir également :
 Philippe Kaltenbach enfin mis en examen pour corruption
 Le maire et sénateur "socialiste" Philippe Kaltenbach, collaborateur notoire et hargneux du lobby raciste arménien, est soupçonné de corruption


Source : Arménologie




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