Entre la Grèce et la Turquie, gare aux « somnambules »
Entre la Grèce et la Turquie, gare aux « somnambules »
Source : https://www.lopinion.fr/edition/international/entre-grece-turquie-gare-aux-somnambules-223641
Dans un livre intitulé Les somnambules, l’historien Christopher Clark raconte comment, en 1914, les puissances européennes se sont laissées entraîner dans la guerre, sans l’avoir voulu, par le jeu des solidarités entre alliés et la défense des grands principes.
Nous n’en sommes heureusement pas là, mais la crise entre la Grèce et la Turquie ne laisse pas d’inquiéter. La querelle entre ces deux vieilles nations ne date pas d’aujourd’hui. Des problèmes, comme les délimitations maritimes ou le statut de Chypre, sont restés en suspens depuis trop longtemps et se réactivent avec la découverte de ressources gazières. Face aux dangers d’une telle situation, la seule attitude responsable est de tout faire pour éviter l’escalade et de pousser (même fort) les acteurs à s’asseoir à la table de négociation.
Ce n’est malheureusement pas l’option choisie par la France, qui a pris fait et cause pour l’une des parties du conflit, la Grèce. La question n’est pas de savoir qui, d’Athènes et d’Ankara, a raison. Le dossier juridique et historique est d’une incroyable complexité. Sauf à rêver plaies et bosses, elle n’est pas non plus de partir en croisade contre le « sultan » Erdogan, qui est ce qu’il est. Et sans doute pas pire que nombre de nos amis, alliés et « partenaires stratégiques ».
La question est d’agir afin que la crise en Méditerranée orientale s’apaise. C’est le vœu de la plupart de nos partenaires de l’UE et de l’Otan. La France ne devrait donc pas se mettre dans la roue du gouvernement conservateur grec, sans doute pas exempt de tout nationalisme. Ni dans celle des Emirats arabes unis, ennemis jurés de la Turquie, mais dont les vertus démocratiques restent à prouver.
Tout en rassurant légitimement la Grèce, il est donc grand temps pour Emmanuel Macron de calmer le jeu avec Erdogan.