Au Canada, le MCC (Muslim Canadian Congress), seule organisation musulmane souhaitant l’application de la laïcité au Canada, demande instamment au gouvernement conservateur de Stephen Harper d’interdire le port du niqab et de la burqa dans l’espace public. L’organisation suit en cela l’exemple de la France qui songe de plus en plus sérieusement à soumettre une telle mesure au vote des parlementaires. Selon les porte-paroles du MCC, « les islamistes qui plaident pour le port de la burqa dans l’espace public ont pour seul objectif d’exercer un contrôle sur la vie des femmes, réduisant leurs chances d’apporter une contribution significative à la société », la burqa n’étant ni plus ni moins qu’« un objet d’asservissement » des femmes.
Le Canada, terre de liberté
Le gouvernement canadien n’entend cependant pas intervenir dans la liberté de ses citoyens. Jason Kenney, le ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration s’est prononcé contre l’interdiction de la burqa au Canada, déclarant : « Nous avons au Canada une tradition de liberté personnelle. Le gouvernement ne dit pas aux gens quels vêtements ils doivent porter. Je suis contre l’idée que l’État réglemente les vêtements des citoyens canadiens, qui sont des gens libres. » Cette position est également celle du Canadian Islamic Congress, l’organisation musulmane indépendante la plus importante du pays. Même écho dans l’opposition, où le chef du parti libéral, Michael Ignatieff, a déclaré : « Nous sommes un parti qui croit profondément dans la liberté de religion et la liberté de croyance. »
L’interdiction dans les pays musulmans
Le MCC canadien a dans son argumentation fait référence à la fatwa du cheikh Mohamed Tantawi, responsable de la mosquée Al-Azhar au Caire, qui a en octobre dernier interdit le port du voile intégral dans les écoles dépendant de sa compétence. Si le ministère égyptien de l’Enseignement supérieur a emboité le pas au cheikh, interdisant le port du niqab durant les examens universitaires afin d’éviter d’éventuelles tricheries, la Haute Cour de justice du pays a cependant annulé l’interdiction du gouvernement et du cheikh fin janvier. A l’heure actuelle, seules la Turquie et la Tunisie font respecter des interdictions concernant le port du voile intégral, et même du simple hijab, notamment à l’université et dans les écoles publiques.
Source Zaman