Demandes d’asile - "Aucun pays ne considère la Turquie comme un pays sûr"

Le commissaire général aux réfugiés et apatrides, Dirk Van Den Bulck, a contredit lundi l’analyse de la N-VA selon laquelle la Turquie constitue un pays sûr vers lequel les réfugiés syriens ou irakiens pourraient en conséquence être renvoyés.
Dans un entretien avec Belga, M. Van Den Bulck rappelle d’ailleurs que la Belgique n’a pas recours pour le moment au concept de "pays sûr", à savoir un pays tiers par lequel des réfugiés ont transité avant d’arriver en Europe et où ils pourraient en conséquence être renvoyés pour y solliciter l’asile.
"Dans les Etats membres (de l’UE) où ce concept existe, aucun d’entre eux ne considère la Turquie comme un pays sûr. Cela peut éventuellement se faire sur base individuelle, mais considérer la Turquie comme un pays sûr conformément à la définition donnée dans la directive européenne est difficile, je crois".
Ces propos vont à l’encontre de la position défendue par la N-VA ces derniers jours.
Lors de son intervention à l’université de Gand la semaine dernière, et répétés le week-end dernier dans la presse flamande, le président de la N-VA avait notamment considéré que "la Turquie est un pays sûr".
"Si l’on fuit de Syrie ou d’Irak et que l’on arrive en Turquie, vous êtes alors dans un pays sûr", avait défendu M. De Werver. "La fuite pour échapper à des combats s’arrête quelque par. Au-delà, vous êtes à la recherche d’un meilleur avenir", avait-il jugé.
Selon le commissaire général, la Belgique ne considère pour le moment pas les réfugiés syriens comme des réfugiés économiques. Une attitude qui ne devrait pas changer de sitôt, selon lui. "S’il y a bien un pays sur lequel il y a un grand consensus international, c’est la Syrie. Le taux de reconnaissance des réfugiés syriens en Belgique est, comme dans d’autres pays, très élevé, autour des 95%".
Selon M. Van Den Bulck, un retour des Syriens vers la Turquie ne pourrait être envisagé qu’à long terme. "Et il faudrait que beaucoup de choses changent en Turquie", selon lui, notamment au niveau de qualité d’accueil et de protection. "Ce ne devrait pas être aussi élevé qu’en Europe, mais certainement meilleur que ce ne l’est aujourd’hui".
Source : Belga