Peu avant 4h du matin, dans la nuit de jeudi à vendredi, deux incendies se sont déclarés au 5 et 6, rue de Mundolsheim à Hoenheim, dans deux maisons voisines. Les incendies sont d’origine criminelle, des croix gammées ont été relevées sur place.

Un couple et ses deux enfants (un garçon et une fille) ont été réveillés par le crépitement des flammes au cours de la nuit et ont réussi à s’échapper par une fenêtre du salon. Ils ont alors aperçu un deuxième incendie qui prenait sur la maison en face, de l’autre côté de la rue. Ils ont réveillé leurs voisins, leur permettant de quitter les lieux par la fenêtre également avec leurs deux enfants.

Ces deux incendies n’ont pas fait de blessé. Les dégâts sont moindres sur la deuxième habitation. La première a été sérieusement endommagée au rez-de-chaussée.

Les deux maisons abritent des familles dont l’une est turque et l’autre franco-turque. Des croix gammées ont été relevées sur la façade du 5, rue de Mundolsheim et sur la camionnette garée dans la cours du 6, rue de Mundolsheim. Au total ce sont trois croix gammées qui ont été relevées.

La brigade criminelle est sur place et a ouvert une enquête. Les policiers mènent également une enquête de voisinage.

En début d’après-midi, on apprenait que la mairie de Hoenheim a relogé la famille habitant au n°5 de Mundolsheim dans un appartement appartenant à la commune. Les employés de la ville aideront aujourd’hui encore au déménagement de cette famille.

"Il en va désormais de la vie de mes concitoyens" : le cri de colère du maire Vincent Debes

Voici le communiqué diffusé en début d’après-midi par le maire de Hoenheim, Vincent Debes.

"Les actes commis cette nuit au domicile de deux familles de la rue de Mundolsheim, relèvent pour moi de la barbarie et reflètent ce que l’être humain peut révéler de pire, à savoir l’âme du mal.

Jamais je ne pourrai me résigner au fait que la haine de certains envers ceux qu’ils considèrent comme des étrangers puisse les conduire à envisager de commettre l’irréparable.

Si beaucoup me connaissent pour mon extrême modération qui est au coeur de ma culture centriste, j’ai envie de hurler mon dégoût aux côtés des victimes d’aujourd’hui et certainement de demain à la face d’un certain monde politique, trop souvent complice des messagers de la haine.
Nous sommes en effet aujourd’hui dans une véritable situation d’urgence, car il en va désormais de la vie de mes concitoyens et il est temps que les bonnes intentions, les discours et les polémiques politiciennes laissent place à l’action.

J’entends par là que j’attends que la République protège ses enfants, que tous les moyens soient mis en oeuvre pour appréhender au plus vite le ou les auteurs de ces actes odieux et que la plus extrême vigilance soit enfin de mise pour protéger les valeurs fondamentales de notre République.

Pour ma part, je poursuivrai sur le terrain, plus déterminé que jamais, ce que je considère comme ma première mission d’élu local, d’élu de proximité, à savoir oeuvrer sans relâche pour le bien vivre ensemble. Dans l’immédiat, je mobiliserai tout ce qui est en mon pouvoir, afin de soutenir matériellement et, si possible moralement, les victimes ; ces femmes, ces hommes, ces enfants dont je me sens particulièrement proche et dont certains ont voulu la mort."

La réaction du maire de Strasbourg et du président de la CUS

Dans un commmuniqué diffusé en fin de matinée, Roland Ries, maire de Strasbourg et Jacques Bigot, président de la CUS, font part de leur "consternation". Tous deux "condamnent fermement cet acte criminel qui vient allonger une série déjà bien trop longue d’actes à caractère xénophobe ou antisémite". "Nous en appelons au préfet pour que tous les moyens d’enquête nécessaires continuent d’être mobilisés, ainsi que cela a été évoqué lors de la dernière réunion du conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance. Il est vraiment important que toutes ces affaires soient rapidement élucidées", écrivent les deux élus.

Celle d’Europe Ecologie et des Verts

Europe Ecologie – les Verts exprime son indignation dans un communiqué diffusé en fin de matinée.

"Nous condamnons vigoureusement cet acte criminel, dont le caractère xénophobe ne fait pas de doute et qui s’inscrit malheureusement dans une série de provocations et d’agissements qui empoisonnent le climat dans notre région".

"Tous ces coups portés au « vivre-ensemble », ne peuvent se poursuivre impunément et nous continuerons de combattre tous ceux qui les encouragent ou les cautionnent.

Notre région s’est toujours enrichie de l’alliance des cultures, continuons à construire ensemble une Alsace ouverte et solidaire !", dit le commuiqué.

Robert Grossmann, conseiller municipal et conseiller communautaire de Strasbourg

"Il y a une urgence absolue à ce que le Préfet représentant du gouvernement de la France et le président de la Communauté Urbaine de Strasbourg, président du CISPD, nous apportent des éléments concrets concernant la multiplicité consternante des agressions à caractère raciste qui se développent dans la région de Strasbourg.

Nous constatons en premier lieu que des vies humaines ont été mises en danger par les récents incendies ce qui souligne le caractère criminel de ces actes

Mais en second lieu nous constatons que chacun de ces actes est prétexte à des déclarations de protestation identiques l’une à l’autre qui sont purement incantatoires, servent à accentuer le malaise et ne résolvent rien !

Comment par ailleurs ne pas mettre tous ces incidents en rapport avec l’approche des prochaines périodes électorales pour lesquelles un climat particulier est ainsi créé et développé. (...)"

Ch. B. avec C. L.

Source DNA