COJEP : Loi réprimant la contestation de l’existence des génocides reconnus (Communiqué de presse)
Communiqué de Presse
Loi réprimant la contestation de l’existence des génocides reconnus
Strasbourg, le 24 Janvier 2012
Le Sénat a adopté, lundi 23 janvier, par 126 voix pour et 86 contre la proposition de loi visant à
réprimer la contestation de l’existence de génocides reconnus par la loi en France.
COJEP International (Conseil pour la Justice, l’Egalité et la Paix) est une OING basée à Strasbourg
et présente dans 15 pays en Europe. Ses domaines d’actions sont les Droits de l’Homme, la lutte
contre le racisme et les discriminations et la Citoyenneté. Il détient le Statut Participatif auprès du
Conseil de l’Europe, bénéficie du Statut Consultatif auprès du Conseil Economique et Social des
Nations Unies (ECOSOC), est admis aux Relations Opérationnelles avec l’Unesco et est un des
partenaires clés de l’OSCE.
En tant qu’organisation non gouvernementale qui œuvre depuis des années pour le rapprochement
des communautés autour des valeurs de notre république, nous regrettons l’adoption de cette loi
qui détériore les relations entre notre pays et la Turquie et qui est une atteinte au cœur des droits
fondamentaux de notre pays.
La qualification d’une tragédie historique majeure en « génocide » devrait être l’œuvre de
spécialistes et non des descendants de migrants qui font désormais leurs vies en France. La
question des lois mémorielles est toujours d’actualité et bon nombre d’historiens estimaient que ce
n’était pas du rôle des parlements de décider dans ce type de faits.
Par ailleurs, le risque d’inconstitutionnalité qui pèse sur une telle loi, l’atteinte à la liberté d’opinion
et d’expression ainsi qu’à la liberté des enseignants et des chercheurs, et la remise en cause des
fondements même de la discipline historique, ne rendront nullement service à la douleur de nos
compatriotes d’origines arméniennes.
Nous croyons fortement aujourd’hui, que le rôle de nos élus est de rapprocher les communautés
d’origine arménienne et turque afin de réconcilier ces peuples qui ont un passé commun très fort et
une très longue histoire partagée. Cette histoire n’est pas uniquement celle de la tragédie de 1915
mais démontre d’un vivre ensemble exemplaire jusqu’au village le plus éloigné de l’Anatolie. Ce
fonds culturel et historique devra servir de base à une nouvelle approche autour de nos valeurs
pour une réelle réconciliation et une compréhension des mémoires de chacun. Il s’agit de douleur,
c’est pourquoi, il est nécessaire d’agir avec pédagogie et clairvoyances. Malheureusement, depuis
hier soir, nous enregistrons un déferlement de haine communautaire qui blesse notre cohésion
sociale et qui n’est qu’une des conséquences néfastes de ce vote.
Nous continuons à penser qu’une mission parlementaire de réconciliation avec les représentants
de la société civile et du monde intellectuel d’origine turque et arménienne vivant dans notre pays
nous semblerait la bienvenue pour explorer les voies du dialogue.
Cordialement
Veysel FILIZ
Directeur des Relations Internationales
+336.89.84.52.2