Ainsi, à côté du match de football, mais bien plus important, aura lieu une rencontre politique entre les deux pays qui, comme nous le savons, ont des rapports tendus : la Turquie ne nie pas la réalité des souffrances arméniennes mais refuse le qualificatif de génocide concernant les évènements de 1915, de son côté l’Arménie ne reconnaît pas les frontières de la Turquie et a usé et use encore, par l'intermédiaire du PKK, du terrorisme contre la Turquie.
Le prétexte sportif pour se rencontrer en vaut un autre, quoique le sport peut créer une ambiance propice aux échanges, à la communication, mais le fait qu’il y ait communication est important, car elle permet que chaque parti apprenne à connaître l’autre et pose ainsi les bases de dialogues sincères. Si de telles bases étaient posées alors ce match aura été réellement historique.
Mais, il n’est pas assuré que cette version positive et optimiste l’emporte, et des Arméniens extrémistes, essentiellement les activistes de la diaspora et du parti d’extrême droite Tashnaktsoutyun, partisans bornés de la confrontation et des rapports arméno-turcs conflictuels et violents, voudront certainement, par des provocations verbales ou même physiques, gâcher cette chance d’amorce de dialogue. La Turquie, avec la venue du président Gül en Arménie, fait un geste important dans le sens de la paix, il est important également que le président Serj Sarksyant et les politiques arméniens saisissent cette opportunité.
Les événements de 1914-1922
Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.
La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.