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Von der Leyen à Bakou : Bruxelles doit multiplier d’urgence les accords bilatéraux énergétiques avant l’hiver

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Von der Leyen à Bakou : Bruxelles doit multiplier d'urgence les accords bilatéraux énergétiques avant l'hiver

Von der Leyen à Bakou : Bruxelles doit multiplier d’urgence les accords bilatéraux énergétiques avant l’hiver

Par : Sébastien Boussois

L’information est tombée discrètement avant le week-end : la Présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, se rend à Bakou aujourd’hui pour sceller l’accord de sécurité énergétique qui permettra à l’Azerbaïdjan de fournir davantage de gaz à l’Union d’ici l’hiver prochain.

Sébastien Boussois est Docteur en sciences politiques, chercheur Moyen-Orient relations euro-arabes/ terrorisme et radicalisation, enseignant en relations internationales, collaborateur scientifique du CECID (Université Libre de Bruxelles), de l’OMAN (UQAM Montréal) et de SAVE BELGIUM (Society Against Violent Extremism).

Von der Leyen serait suivie dans les semaines à venir de la Commissaire européenne à l’Energie, Kadri Simson. L’Europe est-elle en train d’apprendre la realpolitik ? Elle doit clairement d’urgence négocier rapidement une large série d’accords croisés en termes d’énergie et de matières premières, avec des soutiens en retour à ses partenaires en matière de santé, de sécurité alimentaire, d’agro-business ou de technologies.

Plusieurs accords bilatéraux en cours de signature
Chaque Etat-membre a tenté de s’en sortir seul pour commencer. En mai dernier d’ailleurs, l’Allemagne avait déjà signé un accord historique pour importer du gaz liquide, cette fois-ci du Qatar qui constitue aujourd’hui avec l’Azerbaïdjan une sérieuse alternative au gaz russe.

Une dépendance qui s’élevait à 55% de ses importations jusqu’à avant la crise. Étape après étape, l’Union multiplie les partenariats pour compenser cette dépendance globale aux 155 millions de m3 annuels provenant de Russie.

La Commission européenne appelée à cesser de financer les combustibles fossiles dans les Balkans
La Commission européenne devrait cesser de soutenir et de financer les projets relatifs au gaz fossile dans les Balkans occidentaux et se concentrer davantage sur l’énergie durable. C’est ce qu’a déclaré un groupe d’organisations de la société civile de la région.

D’autres pays comme la France cherchent au cas par cas une issue de secours, mais c’est du niveau européen que la solution globale doit venir.

L’accord à venir entre Bruxelles et Bakou en est un nouvel exemple. Et ce n’est pas pour déplaire à l’Azerbaïdjan, qui a été un des premiers pays de la région du Caucase à condamner l’intervention russe en Ukraine puis son invasion dès le 24 février dernier.

Bakou a aussi été parmi les premiers à envoyer de l’aide humanitaire à Kiev, ce que n’a pas manqué de rappeler à maintes reprises Zelensky en remerciant le président Aliyev.

Bakou s’émancipe de Moscou
C’est enfin un acte fort d’autorité et d’émancipation, au regard de l’Histoire, de Bakou à l’égard de Moscou. Histoire aussi de lui faire comprendre que toute expansion territoriale ne passera jamais par son pays.

Face à la crise violente que traverse le vieux continent depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie, nous sommes confrontés à de nouveaux défis politiques, économiques, et financiers vitaux qui risquent de rendre de plus en plus compliqué notre quotidien.

Des enjeux de sécurité vitaux pour l’Europe qui doivent pousser le vieux continent notamment à renforcer des partenariats solides qui la mettront à l’abri de pénuries potentielles dans les mois à venir. La visite de Joe Biden en Arabie Saoudite dernièrement, pour lui demander d’augmenter sa production, est la preuve que chacun des grands de ce monde essaie de garantir son indépendance énergétique.

Multiplier les partenaires commerciaux
La crise ukrainienne nous a montré, s’il le fallait encore, que l’approvisionnement en gaz de l’Europe ne peut reposer uniquement sur un nombre réduit de fournisseurs, comme c’est le cas avec la Russie, qui à tout moment peuvent être bannis ou sous le coup de sanctions économiques qui nous impactent déjà directement.

Jusque-là, l’Europe a opté pour une bardée de sanctions économiques contre Moscou mais semble bien incapable de décréter un blocus contre le gaz russe qui serait radical pour les finances de Moscou. On sait aussi au combien les yeux doux faits à Téhéran par les Occidentaux pour remettre en selle l’accord sur le nucléaire n’était pas tout à fait dénué d’arrières-pensées.

Dialogue en cours à Bakou
Que sait-on de plus de l’accord qui sera signé entre Bruxelles et Bakou ? Un dialogue et une coopération active entre les deux entités ont lieu depuis quelques mois. Dès le début du mois de février dernier, une délégation européenne était à Bakou pour obtenir plus de gaz de l’Azerbaïdjan.

À cette occasion, le Commissaire européen à l’Energie, Kadri Simson, déclarait : « Je veux remercier l’Azerbaïdjan pour ses efforts visant à augmenter les livraisons de gaz vers l’Union européenne via le corridor gazier sud-européen (Southern Gas Corridor). L’Azerbaïdjan a répondu à l’appel, confirmant sa fiabilité. »

20 milliards de m3 de gaz d’ici à 2027
De quelle fiabilité parle-t-on ? On parle de 20 milliards de m3 de gaz azéri par an jusqu’au moins 2027 qui seraient vendus à l’UE. En 2021, c’était seulement 13,5 milliards de m3. Le 15 juillet dernier, Ilham Aliyev tenait un discours où il rappelait l’état de la coopération entre son pays et l’Union qui était sur le point d’aboutir sur ce nouveau fameux accord.

La plupart des clauses ont été acceptées par les parties communes. Ayant eu plusieurs coups de fil avec le président du Conseil européen, Charles Michel, Aliyev a aussi rappelé que, en filigrane de l’accord énergétique en cours, l’objectif de cette coopération accrue était aussi la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie afin de faire avancer la paix dans le Caucase.

La paix dans l’Union aussi, car ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves et Bruxelles aura besoin du plus grand nombre de partenaires possibles pour ne plus re-basculer dans la facilité d’un fournisseur majoritaire mettant l’Union en danger à tout moment. Ce sont ces accords croisés qui nous sauverons d’ici l’hiver.


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