Jeudi a vu se concrétiser la demande d’acceptation de re-qualifier les exactions chinoises en génocide, à propos de la tragédie subie par les Ouighours.
L’entretien d’aujourd’hui commence sur une note amère en pensant à cette situation douloureuse. Le cas des Ouighours relève de l’urgence humanitaire. Mis en lumière au moyen d’un livre pas comme les autres sur la question. Son auteur, Lozato est enseignant en langue et civilisation italiennes. Ce qui ne l’a pas empêché de varier ses champs d’analyse en tant que chroniqueur et essayiste. Quelques mois après la sortie d’un livre consacré au relationnel italo-tunisien ("Italie et Tunisie : entre miroir réfléchissant et miroir déformant"), ouvrage salué par la critique spécialisée (élu livre du mois par les écoles de commerce, management en Tunisie ; accueil positif par la critique du mouvement littéraire Mare Nostrum), il s’attaque cette fois-ci au Monde Turc. Le titre de cet essai est "free Uyghur" (éditions Saint-Honoré, disponible sur FNAC, DECITRE, CULTURA, GIBERT...). Pouvant intéresser aussi bien des lecteurs apparentés à l’univers turcique qu’à un public plus large.
Rendez-vous pris à l’INALCO, Paris.
Une lecture pour commencer 2022, par une bonne action
Monia Ourabi : Monsieur Lozato bonjour.
Pourquoi avoir choisi l’INALCO ?
G.LOZATO : Au lieu d’un lieu neutre, j’ai préféré un lieu dédié à la culture, l’ouverture, la réflexion, l’échange. L’originalité aussi, car il y a toute une cohabitation de langues vivantes. Ensuite l’Orient y est étudié, scruté tout en étant incorporé à ma chère vie universitaire parisienne. Une sorte de principauté officieuse. Une enclave comme la terre des Ouighours, qui pour le moment n’a qu’une république officieuse pour représenter le Turkestan Oriental.
M.O : Nous y venons. Votre livre, c’est "Free Uyghur". Pourquoi un titre en anglais alors que vos écrits sont rédigés en français ?
G.L : Parce qu’il s’agit d’un problème de portée internationale. Dans le cas précis du titre, l’anglais assure une fonction d’espéranto. Là, c’est le linguiste qui parle et non l’apprenti géopoliticien !! (Rires). Donc une langue fédératrice au vu des circonstances qui m’ont amené jusqu’aux USA pour le Congrès Mondial Ouighour de l’automne 2019. Tout comme en parallèle, le langue français de la diplomatie, constitue un précieux auxiliaire.
M.O : Point de départ de votre livre ?
G.L : Un enchaînement d’événements en amont. Quelques articles, des rencontres fortuites puis programmées. L’invitation en conférence en France comme élément déclencheur. Puis une aventure humaine, littéraire, journalistique : l’invitation en Amérique grâce à Monsieur Erkin Ablimit qui a été élu président de sa diaspora.
M.O : Quel serait, en plus de la thématique choisie, l’objectif de votre livre ?
G.L : Tout d’abord faire connaître les Ouighours. Un survol avec quelques atterrissages.
M.O : Et puis quoi d’autre ?
G.L : Principalement alerter l’opinion.
M.O : Sur quels éléments vous êtes-vous basé ?
G.L : Du factuel, de statistique, des récits, des témoignages, des rencontres. Donc du chiffre et de l’humain. De la ténacité et de l’affectif. J’ai eu accès à de nombreuses sources. Que ce soit en consultant des archives à Washington. Que ce soit grâce à l’ETAC.
M.O : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
G.L : Collectivement les témoignages de rescapés. Individuellement, ma rencontre en deux temps avec Rebiya Kader et ça m’a fait en même temps prendre conscience de l’étendue de l’aire turcophone.
M.O : Justement le Monde Turc, comment y êtes-vous à l’origine ?
G.L : Pas vraiment au terme d’une démarche intellectuelle au tout départ. J’ai effectivement commencé à l’entrevoir par la description de mon frère de la cuisine rapide turque. Ainsi, par le biais du football, le premier match de la Milli Takim que j’ai eu à visionner était en 1987. C’était Turquie-Angleterre. Le temps des Dilmen Ritvan, Tanju çolak, Engin Ipekoglu...
En fait au lieu de partir du général au particulier, j’ai procédé à la démarche inverse. Je me suis intéressé d’abord à un fait sportif spécifique. Puis au passé Ottoman. Avant d’élargir mes connaissances et mon vécu.
M.O : Votre livre semble vraiment se démarquer des autres consacrés à la question Ouighoure. Pour conclure, pouvez-vous nous dire pourquoi serait-il judicieux de l’acquérir ?
G.L : Je tiens à vous féliciter d’avoir employé le verbe "acquérir". Au lieu du verbe "acheter". Il faut savoir acquérir, non s’accaparer. Mon livre est une offrande. On peut partager en possédant. Mon livre est un appel à découvrir les Ouighours puis leur situation. Mais je recommande également les autres livres qui proposent plein d’angles de vue. Je n’éprouve pas du tout de sentiment de concurrence. Mutualisons nos connaissances. Toutefois, ce qui démarque ma production écrite est qu’elle s’apparente à un essai géopolitique dans sa conception générale. L’ouvrage axe sa réflexion en mêlant recherche de l’objectivité et émotion. Enfin, une prtie du prix de vente sert à aider le tissu associatif.
Gianguglielmo /Jean-Guillaume LOZATO, professeur d’italien à L’ENSG et à International Paris School of Business,chargé de cours à l’Université Paris-Est. Auteur de recherches universitaires sur le football italien en tant que phénomène de société.