L’avocat d’un détenu kurde qui s’est pendu dans la nuit de dimanche à lundi à la maison d’arrêt de Gradignan (Gironde) a demandé mercredi au procureur de Bordeaux l’ouverture d’une information judiciaire sur les circonstances de ce suicide, a-t-il indiqué à l’AFP.

"La famille de Mehmet Aydeniz veut savoir ce qui s’est passé avant ce suicide" a indiqué Me Alexandre Novion au cours d’un point presse, affirmant avoir alerté "à plusieurs reprises en vain" la justice sur l’état psychologique de son client.

Le 7 janvier, ce jeune Kurde de Turquie de 24 ans qui résidait en Allemagne avec sa femme et ses trois enfants, avait été condamné à six ans de prison pour trafic de stupéfiants. Il avait été interpellé et placé en détention provisoire en septembre 2008 et avait fait alors plusieurs tentatives de suicide.
Dans un rapport daté de mars 2009 et qu’a pu consulter l’AFP, un expert psychiatre indique que "sur les sept tentatives de suicide invoquées, deux seulement méritent ce qualificatif".

Me Novion s’insurge contre ce rapport selon lequel les "tentatives de pendaison en présence d’un tiers (...) ont de bonnes chances d’être vouées à l’échec", alors même que le jeune homme s’est pendu en présence d’un codétenu avec la ceinture d’un peignoir.

"Ce rapport psychiatrique a eu des conséquences épouvantables et tous les appels au secours de ce garçon, sa détresse, ses tentatives de suicide, ont été pris pour du bluff", tempête l’avocat bordelais.

Le jour de sa condamnation, Mehmet Aydeniz avait essayé une fois de plus de mettre fin à ses jours en avalant des médicaments. Il avait été "immédiatement renvoyé dans sa cellule après un simple lavage d’estomac" et laissé "sans surveillance particulière", souligne Me Novion.

"Il faut aller plus loin que la simple enquête préliminaire pour mort suspecte qui est en cours et que l’on puisse savoir pourquoi Mehmet Aydeniz est mort dans de telles circonstances", ajoute-t-il.

L’administration pénitentiaire contactée par l’AFP a indiqué "ne pas connaître ce dossier".

Source : avec AFP