TRIBUNE

On me demande dernièrement si je vais aller manifester en France pour apporter un soutien à tout ce qui se passe actuellement en Turquie.

Alors, suite à la dernière émission de Politika et ayant été très attentive aux différents témoignages,

Suite à la lecture de plusieurs écrits issus de différents médias nationaux et internationaux,

Je pense que multiplier les manifestations sur le territoire français pourraient engendrer des dérapages et je trouve que ce n’est pas très opportun dans le contexte actuel (division des nôtres, pertes d’énergie, récupération politique…).

C’est pourquoi je ne conseille pas d’aller manifester.

Alors pourquoi une telle réaction de ma part ?

J’aime en effet que les turcs de Turquie marquent une volonté de rupture de société avec le gouvernement actuel.

Gouvernement qui a mis en place de belles actions mais qui est aussi prêt à céder une partie du territoire turc à l’Est pour satisfaire les mêmes qui l’avaient mis au pouvoir par le passé mais qui aujourd’hui sont dans les rues.

Gouvernement qui pour satisfaire les exigences des uns oublient les nécessités des autres.

En Turquie, la mobilisation m’impressionne fortement. Elle est le signe d’une grande frustration de cette société d’après ce que me rapportent les miens.

Mais je me pose aussi des questions car derrière cette forte volonté de liberté de changement, je me dis qu’il faut prendre en considération certaines choses qui doivent faire poser des questions.

Et notamment le fait que la Turquie est devenue économiquement très puissante et que peut-être cette donnée ne plaît plu à certains agitateurs.

Car en regardant de plus prêt, il y des projets avec des répercussions sur le long terme géopolitiquement sur cette zone mais qui sont capitaux pour la Turquie mais aussi pour l’Europe à savoir le :

 3ème pont en projet de construction reliant les rives,

 3ème aéroport (qui va placer la Turquie au cœur d’un hub européen), ce qui ne plaît pas à l’Allemagne via la Compagnie Lufthansa

 Les lobbys du milieu de l’alcool (qui ne sont pas content que RTE leur coupe des parts de marchés conséquents)

 Le fait que l’État français ne dise rien aux manifestants de France alors qu’aucune autorisation officielle n’est affichée.

 Le fait que les médias nationaux relaient cette information très largement avec la mise en lumière des Franco-Turcs qui manifestent pour cela, les mêmes qui étaient dans les rues à Paris, en janvier dernier, contre la pénalisation de la loi sur le massacre des arméniens et qui n’avaient pas eu eux pour le coup, un relais médiatique aussi important.

 etc, etc…

Alors devant autant de zones d’ombre, de règles du jeu non comprise de ma part, par souci d’honnêteté intellectuel pour tout le travail déjà accompli par tous, je n’y serai pas.

Alors oui, je suis très heureuse de la mobilisation en Turquie même s’il est toujours regrettable de devoir se rendre dans la rue, faute d’avoir été autrement entendu.

La manif, c’est une autre manière de s’exprimer certes mais c’est un peu plus rude que de se rendre dans les urnes d’une manière démocratique.

Je propose de prendre un billet d’avion et d’aller tâter du terrain en réel, au moins là le vécu sera différent et l’implication plus courageuse à mes yeux.

Quand on est citoyen d’un pays comme la France, on respecte les institutions de la France sans la fragiliser mais celles des autres pays aussi.

Attendons donc de voir plutôt ce qui se cache derrière les arbres !"