TURQUIE/ARMENIE : Mgr Choulchouyan : « Nous devons faire face à nos complexes »

L’évêque Sebuh Choulchouyan, leader spirituel de la province arménienne de Gogarène (Gougark) est pressenti comme le successeur de Mesrob II, actuel primat du Patriarcat arménien d’Istanbul. Mgr. Choulchouyan s’est félicité du rapprochement entre la Turquie et l’Arménie et a indiqué que « Les Arméniens peuvent vaincre leur complexe en réétudiant l’Histoire ».
Le Patriarche arménien d’Istanbul Mesrob II Mutafyan souffre de longue date d’un cancer de la tyroïde. Fin 2008, un diagnostic a indiqué qu’en raison d’une tumeur au cerveau, l’Archevêque Mutafyan était atteint de la maladie d’Alzheimer. Dès lors, il est empêché dans sa mission patriarcale.
Parmi les candidats à la succession du Patriarche d’Istanbul, Mgr Sebuh Choulchouyan est le favori. L’évêque, né à Malatya en Turquie et vivant à Erevan, a précisé que le nouveau Patriarche devait être un pont entre l’Arménie et la Turquie qui ont décidé de se réconcilier.
L’OUVERTURE DU GOURVENEMENT EST POSITIVE
Mgr Choulchouyan qui s’est exprimé sur la volonté du gouvernement turc de créer des liens avec l’Arménie et sa gestion de la situation des minorités a ainsi déclaré : « J’espère que nous serons prochainement témoins de la concrétisation de ces paroles. Par exemple, Erdogan a critiqué les mesures qui avaient poussé des minorités à quitter leur pays. Cependant, on a vu que les autres partis s’en étaient aussitôt pris au Premier Ministre ».
LA DOULEUR EST DIFFERENTE, LA MEMOIRE EST COMMUNE
Mgr Choulchouyan a toutefois souligné qu’il serait irréaliste d’espérer des évolutions trop rapides du rapprochement des deux pays.
« Les Arméniens d’Istanbul ont été directement confrontés aux évènements de 1915 et les pressions qui en suivirent. Cette situation a engendré chez eux la peur, le manque d’assurance en soi, l’insécurité et la crainte d’entreprendre. On peut résumer cela en un seul mot : ‘un complexe’ » a-t-il affirmé.
En réitérant que les Arméniens devaient vaincre ce complexe, Mgr Choulchouyan a précisé : « En étudiant de nouveau les faits historiques, ils doivent réussir à surpasser la cassure psychologique. J’ai confiance dans la mémoire historique des deux nations. La douleur des deux peuples n’est pas identique, cependant, leur mémoire est commune ».
L’évêque a signalé que dans le cadre du processus de résolution des problèmes, le Patriarcat arménien, qui est structuré et puissant, pourrait être un pont entre les deux populations.
HRANT DINK ETAIT SON AMI DE QUARTIER
L’évêque Sebuh Choulchouyan qui est né à Malatya en 1959, a d’abord été scolarisé à l’école primaire arménienne Nersesyan à Istanbul. Puis, en 1969, il est parti avec sa famille s’installer à Gumri en Arménie. Il dit éprouver beaucoup de chagrin de l’état de santé du Patriarche d’Istanbul Mesrob II et raconte que Hrant Dink et lui étaient des amis du même quartier de Malatya. Mgr Choulchouyan conclut que malgré les souffrances du passé, les récentes évolutions en Turquie augurent un avenir d’espoir.