Malgré les mises en garde de la Sûreté de l’Etat, le concert du groupe turc Yorum est bel et bien maintenu, dimanche dans la grande salle du palais des congrès de Liège, a tranché vendredi le bourgmestre.

A l’origine de cette hésitation, la venue du groupe – un des plus populaires de Turquie, il a rassemblé des centaines de milliers de personnes à Istanbul – en bord de Meuse pour fêter en musique les 50 ans de l’immigration turque en Belgique. Il y a quelques jours, un rapport de la sûreté de l’Etat est parvenu au cabinet du bourgmestre, qualifiant chanteurs et musiciens d’« activistes proéminents » du DHKP-C, une organisation turque d’extrême gauche qualifiée de terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne notamment.

« Les membres du groupe sont des militants d’extrême gauche, des opposants d’Erdogan mais ils sont sérieux et respectueux, dément pour sa part Bahar Kimyongür, militant PTB à Bruxelles, condamné en 2006 pour sa proximité avec le DHKP-C puis acquitté par la cour de Cassation. Depuis le début des années 90, ils se sont produits de nombreuses fois en Belgique sans qu’il y ait le moindre incident. Les lobbies pro-Erdogan ont fait pression sur le cabinet du bourgmestre pour que ce concert soit annulé sous le prétexte de motifs sécuritaires. »

Le bourgmestre, pour sa part, affirme n’avoir pas subi la moindre pression de la communauté turque, les mises en garde émanaient de la sûreté de l’Etat : « Mais le contrat entre les organisateurs et le palais des congrès était déjà signé et d’autre part, plusieurs centaines de places avaient déjà été vendues, explique Willy Demeyer. Il y avait un plus grand risque à annuler le concert qu’à l’autoriser. » Le concert aura donc bel et bien lieu, dimanche dès 15 heures au palais des congrès. L’arrêté de police a été signé vendredi, il émet néanmoins deux conditions : il doit être laissé « libre accès aux services de police » et, plus vaguement, « interdiction est faite à quiconque se trouvant sur les lieux visés d’exposer tout signe d’appartenance à un groupement quelconque »., Pas question, résume le bourgmestre, de « déverser des slogans haineux d’aucune sorte. »

Formé en 1985 par des étudiants voulant réagir au coup d’Etat organisé quelques années plus tôt par l’armée turque, Yorum Grup a donné des centaines de concerts et a dû faire face, en Turquie, à de nombreux procès. Ses chansons sont fredonnées partout, dans toutes les couches de la société. Et il est un des premiers à avoir osé chanter en kurde. Erdogan les déteste. »

Source : Lesoir.be