Les difficultés liées au différend turco-chypriote, qui depuis des années rendent toute coopération formelle entre les deux organisations très difficile, "seront un point majeur à l’ordre du jour" de sa visite d’une journée dans la capitale turque, a déclaré à l’AFP ce diplomate.
Le 15 septembre, le secrétaire général de l’Otan s’était montré optimiste quant aux chances de débloquer d’ici au sommet des 28 alliés prévu les 19 et 20 novembre à Lisbonne les rapports entre l’Alliance et l’Union européenne.
Depuis son entrée en fonction en août 2009, M. Rasmussen a fait de cette délicate question l’une de ses priorités.
De son côté, l’UE a donné mandat le 16 septembre à la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton de "réfléchir à la manière dont la coopération UE-Otan dans le domaine de la gestion des crises pourrait encore être renforcée".
Selon le même diplomate allié, M. Rasmussen doit également aborder avec les dirigeants turcs le projet de nouveau "concept stratégique" de l’Otan, un texte de référence d’une dizaine de pages qui sera soumis à l’approbation de la réunion de Lisbonne.
La Turquie est l’un des pays de l’Otan abritant encore des bombes atomiques américaines largables d’avion, sur la base aérienne d’Incirlik (est).
Contrairement à d’autres Etats membres dans la même situation comme l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, Ankara ne souhaite pas une accélération de la dénucléarisation avec le retrait de ces ogives, les dernières encore stockées directement sur le territoire même des alliés des Etats-Unis depuis la fin de la Guerre froide.
Pour sortir de l’impasse où le droit de veto de la Turquie dans l’Otan et de Chypre dans l’UE a plongé les deux organisations, M. Rasmussen a énoncé à plusieurs reprises ses idées, en privilégiant le pragmatisme.
L’UE, a-t-il estimé, devrait inclure les pays comme la Turquie qui n’en sont pas membres dans les délibérations sur ses opérations extérieures, en particulier en Bosnie où le contingent turc est le deuxième en importance.
Ensuite, toujours selon M. Rasmussen, l’UE devrait passer un "accord de sécurité" avec la Turquie.
Enfin, elle devrait accorder à la Turquie le même statut d’invité que la Norvège —autre pays de l’Otan non membre de l’UE— auprès de l’Agence européenne de défense (EDA).
C’est à ces conditions, semble tabler M. Rasmussen, qu’Ankara en retour consentirait à admettre que Chypre siège aux réunions UE-Otan, sans qu’il y ait eu besoin de lever deux préalables ultra-sensibles : la reconnaissance officielle de Chypre par la Turquie et l’adhésion de celle-ci à l’UE.
Source AFP